Chaque hiver, elle revient sans prévenir. Fièvre, fatigue intense, courbatures, la grippe s’impose comme un visiteur indésirable. Cette année, l’apparition du variant K du virus H3N2 attire particulièrement l’attention des autorités sanitaires. Entre vigilance et mesures préventives, le professeur Riadh Daghfous, directeur général du Centre national de pharmacovigilance, fait le point sur la situation épidémiologique et sur les bonnes pratiques à adopter pour se protéger contre cette circulation virale intense.
«La situation épidémiologique actuelle reste habituelle et stable. Nous n’avons pas encore atteint le pic de la grippe, ce qui impose toutefois une attention particulière», a affirmé le directeur général du Centre national de pharmacovigilance au journal Le Temps.
S’agissant des souches en circulation, le professeur Riadh Daghfous a apporté des précisions sur le variant K, une mutation du virus de la grippe H3N2. «H3N2 est un virus ancien, responsable d’une pandémie en 1968, qui a connu de nombreux variants au fil des années. Le dernier en date, baptisé K, a commencé à circuler dès l’été 2025», a-t-il expliqué. Ce variant est désormais présent dans plus de trente pays, principalement en Europe et en Amérique du Nord.
À ce sujet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué il y a quelques jours que la saison grippale 2025-2026 a démarré plus tôt que d’habitude, avec une activité élevée dans 27 des 38 pays de la Région européenne. Dans certains pays, tels que l’Irlande, le Kirghizistan, le Monténégro, le Royaume-Uni, la Serbie et la Slovénie, plus de la moitié des patients présentant un syndrome grippal ont été testés positifs à la grippe, soulignant l’intensité de cette circulation virale.
L’OMS a également indiqué que cette année, le sous-clade K du virus A(H3N2) est désormais la souche dominante. Selon le directeur régional de l’OMS pour l’Europe, Hans Henri P. Kluge, ce variant ne provoque pas de formes plus graves, mais il met les systèmes de santé sous pression, car la population n’a pas encore développé d’immunité contre cette souche. Le variant K représente désormais jusqu’à 90% des cas confirmés dans la région.
«Malgré son ampleur, la saison grippale ne constitue pas une urgence mondiale comparable au Covid-19», a souligné le directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
Ce constat a été renforcé par le professeur Daghfous, qui a précisé que si l’apparition de ce nouveau variant favorise une propagation plus rapide, il reste néanmoins rassurant quant à sa dangerosité. «Le variant K ne présente ni plus de gravité ni plus de danger que les précédents. Le principal enjeu réside surtout dans le nombre de cas susceptibles d’être enregistrés sur une courte période», a-t-il expliqué, soulignant que la population n’est pas encore suffisamment immunisée. «Le variant se transmet rapidement et facilement, ce qui explique pourquoi il peut toucher un grand nombre de personnes en peu de temps», a-t-il précisé.
Par ailleurs, le professeur Daghfous a indiqué que la situation liée au Covid-19 reste sous contrôle, avec très peu de cas recensés actuellement. «Le Covid ne constitue pas une préoccupation majeure pour cet hiver. Nous sommes essentiellement dans la période classique des infections virales saisonnières», a-t-il affirmé.
Grippe et virus saisonniers : vaccination et prévention essentielles
Outre la grippe, le directeur général du Centre national de pharmacovigilance a souligné que plusieurs autres virus circulent habituellement, tels que le rhinovirus, la parainfluenza, l’adénovirus, ainsi que les souches grippales H3N2 et H1N1. Globalement, le nombre de cas enregistrés reste comparable à celui de l’année précédente, ce qui confirme la stabilité relative de cette saison hivernale.
Par ailleurs, le professeur a mentionné que le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable notamment de la bronchiolite chez les nourrissons et les jeunes enfants, est également présent en Tunisie. Toutefois, la situation ne montre pas d’augmentation significative par rapport à l’hiver dernier.
Face à ce tableau épidémiologique, le professeur a insisté sur l’importance de la vaccination, en particulier pour les personnes vulnérables. Sont concernés, les personnes âgées, les patients atteints de maladies chroniques (diabète, maladies cardiaques, respiratoires ou rénales), les personnes obèses, les femmes enceintes, ainsi que les enfants souffrant de pathologies chroniques. «Il est encore temps de se faire vacciner, mais il ne faut pas tarder», a-t-il rappelé.
Le professeur Daghfous a également souligné la nécessité de respecter les mesures préventives désormais familières, «aérer régulièrement les espaces fermés, se laver fréquemment les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique et porter un masque en cas de symptômes ou dans les lieux très fréquentés». Autant de gestes simples mais essentiels pour limiter la propagation des virus durant la saison hivernale.
Nouha MAINSI