- « La loi de Finances 2022 est faite pour satisfaire les conditions du FMI », déclare l’expert économique, Mohsen Hassen.
- Un besoin de Financement de 23 milliards de dinars en 2022, soit 2 milliards de dinars de plus par rapport à 2021.
Le Projet de loi de Finances 2022 a été adopté en Conseil ministériel, le 23 Décembre 2021. Une loi qui est passée dans des « conditions exceptionnelles » à tous les niveaux. « La Tunisie fait face à un « héritage lourd » qui ne peux pas être dépassé qu’à travers des mesures audacieuses », tels sont les propos du Président de la République, Kaïs Saïed. Certes, les défis sont de taille. Le gouvernement se trouve entre l’enclume des organisations nationales et le marteau des institutions financières internationales.
A ce titre, Mohsen Hassen, expert économique a déclaré au Journal le Temps qu’en grande partie, la loi de Finances 2022 est faite pour satisfaire les conditions du FMI, vu que le besoin de financement pour l’année 2022 sera de 23 milliards de dinars, en augmentation de 2 milliards de dinars par rapport à 2021.
Et d’ajouter : « La grande question qui se pose : comment-peut-on boucler ce schéma de financement ? D’où, le recours au FMI et d’où la prise des mesures de réformes qui sont indispensables ».
Hassen a fait savoir que « les conditions de 2022 ne seront plus les mêmes de 2021 en termes de pressions inflationnistes. Sur le marché intérieur, on ne peut lever que 8 milliards de dinars au maximum ».
Absence de l’approche participative
En termes de concertation autours de la loi de Finances et du programme des réformes économiques, le gouvernement n’a consulté personne : ni les organisations nationales, ni les cadres de l’Etat.
« Le problème, c’est l’absence de l’approche participative. La conséquence, c’est que les organisations nationales y compris l’UGTT ne vont pas s’approprier des réformes. Le FMI exige la cohésion sociale, la cohésion des institutions de l’Etat et l’approche participative, chose qui est inexistante. On risque, par conséquent, de perdre la cohésion nationale et par la suite la paix sociale et on risque aussi de perdre l’accord du FMI. On aurait dû adopter une approche participative pour annoncer le plan de restructuration. Les mesures sont douloureuses mais indispensables. On aurait dû adopter une autre méthodologie plus citoyenne et plus participative », a-t-il précisé.
Activation du mécanisme d’ajustement : 1043 millions de dinars en poche
Il sied de noter que le plan de réformes, que le gouvernement envisage de le présenter au FMI, contient la levée progressive des subventions des produits énergétiques d’ici 2026.
Premièrement, le gouvernement a l’intention d’appliquer le mécanisme d’ajustement automatique du prix du produit (diesel normal, diesel normal et essence) avec un taux de 3 % au lieu de 5 %. Deuxièmement, le gouvernement envisage de créer un comité de contrôle automatique des prix de l’électricité et du gaz.
Par ailleurs, l’impact financier de l’activation du mécanisme d’ajustement du prix de la pompe à carburant pendant la période de janvier à septembre 2022 sera de 1043 millions de dinars pour l’année prochaine.
Il est prévu également que de nouvelles ressources provenant de l’augmentation des tarifs d’électricité à haute et moyenne pour les usines et les entreprises seront estimées de 204 millions de dinars. Les mesures dans le secteur de l’énergie et des carburants permettront au gouvernement d’économiser environ 1.646 millions de dinars.
La question des salaires aura un impact sur les prochaines années (2022-2024). Il y a l’intention de ne pas faire de nouveaux recrutements permettant à l’Etat de gagner 415 MD et il n’y aura pas d’augmentations salariales permettant de faire des économies de 1060 MD en 2022.
Le programme d’incitation au départ à la retraite anticipée s’inscrit aussi dans le cadre du programme des réformes économiques permettant de gagner 192 MD et de réduire la masse salariale en 2022 de 84 MD. Ce programme est destiné aux employés âgés entre 50 et 57 ans.
Tous sont unanimes que les réformes économiques sont douloureuses. Mais, avant d’entamer toute sorte de restructuration et de réforme, il est indispensable de prévoir une communication claire et franche vis-à-vis le peuple afin de mettre les points sur les « i ».
Khouloud AMRAOUI