Devenu l’un des sujets les plus importants pour les Français, l’immigration fait partie des thèmes incontournables de cette présidentielle 2022. Entre mesures très strictes et relâchement des contrôles, les candidats ont chacun leurs idées sur la question. Tour d’horizon.
ERIC ZEMMOUR
Particulièrement actif sur la question, Eric Zemmour a annoncé dans son programme vouloir stopper le regroupement familial, limiter le droit d’asile «à une poignée d’individus par an» ou rendre obligatoire les demandes d’asile depuis l’étranger, dans les consulats. Il souhaite aussi supprimer le droit du sol (une personne née en France devient Française).
Concernant les étrangers déjà en France, il désire durcir nettement les conditions de naturalisation, interdire la régularisation d’une personne entrée illégalement sur le territoire, supprimer les aides sociales à ceux n’étant pas européens et faire de même pour l’aide médicale d’Etat (accès aux soins pour les étrangers en situation irrégulières).
L’ensemble des clandestins devront également être renvoyés dans leur pays, ainsi que les étrangers n’ayant pas travaillé depuis six mois et ceux reconnus coupables de délits et crimes. Les criminels et les délinquants récidivistes binationaux seront déchus de leur nationalité française.
MARINE LE PEN
Marine Le Pen a annoncé vouloir organiser un référendum pour modifier les lois et la Constitution concernant la situation des étrangers. L’objectif est de lever les «obstacles» limitant ou interdisant l’éloignement de ceux condamnés pour des crimes ou des délits graves (ou ceux comportant un risque pour l’ordre public), réintroduire le délit d’entrée irrégulière en France et empêcher la régularisation d’un clandestin (sauf cas exceptionnels).
Par ailleurs, les frontières redeviendront un lieu de contrôle et la libre circulation des personnes vers la France sera liée à la sauvegarde des intérêts nationaux en matière de sécurité intérieure et extérieure, ainsi qu’à celle de l’identité française. Les accords de Schengen seront renégociés.
Pour favoriser la «cohésion nationale», Nicolas Dupont-Aignan entend mettre fin au système Schengen, en rétablissant les contrôles aux frontières. Il souhaite également faire voter un plafond pour les flux migratoires chaque année au Parlement, suspendre le regroupement familial pour 5 ans (et supprimer le régime d’exception des Algériens), refondre le droit d’asile, supprimer l’aide médicale d’Etat et la remplacer par des dispensaires pour les clandestins.
Son but est aussi de supprimer le droit du sol, de conditionner les aides sociales à une volonté d’insertion dans la société (avec un délai de carence de 5 ans) ou encore de créer une double peine pour les étrangers (les expulser immédiatement après leur emprisonnement).
VALÉRIE PÉCRESSE
Valérie Pécresse affirme elle aussi vouloir proposer un référendum aux Français, qui permettra d’adopter immédiatement un projet de loi constitutionnelle sur le sujet. Il comporte la mise en place de quotas d’accueil par métiers et par pays, l’obligation d’effectuer une demande d’asile depuis l’étranger, la fin du droit du sol automatique (les enfants nés en France de parents étrangers devront faire un test d’assimilation), l’obtention de la carte de séjour liée à la maîtrise du français et le renforcement des conditions pour être naturalisé et obtenir un regroupement familial (revenus, logement).
Des mesures sont aussi prévues pour le renvoi des clandestins (affrètement immédiat d’avions charters, suspension de délivrance de nouveaux visas aux pays refusant le retour de leur citoyens), la suppression de leurs prestations sociales, l’expulsion immédiate de ceux représentants une menace grave (sauf s’ils sont déjà poursuivis par la justice et en détention) et le recentrage de l’aide médicale d’Etat sur la médecine d’urgence et les maladies contagieuses.
Elle souhaite par ailleurs présumer majeur tout «mineur non accompagné» refusant un test d’âge osseux.
FRANÇOIS ASSELINEAU
François Asselineau annonce vouloir sortir de l’espace Schengen et réinstaurer des contrôles aux frontières de la France. Il souhaite porter à 75% minimum le taux d’expulsion des clandestins et mettre fin au système des travailleurs détachés, grâce à la sortie de l’Union européenne. Avec lui, le pays quittera également la Convention européenne des Droits de l’Homme, qui limite ses capacités d’action.
Il compte proposer un référendum concernant la politique de regroupement familial et le droit du sol.
EMMANUEL MACRON
S’il n’a pas encore détaillé précisément son programme (car pas encore officiellement candidat, Emmanuel Macron a déjà donné des pistes concernant l’immigration. Il semble vouloir faire de la question un sujet européen, notamment en rénovant le système Schengen, qui, selon lui, a été conçu «avant la reprise du terrorisme sur le sol européen, et avant la reprise très forte d’une immigration suite aux crises successives depuis 2015».
L’accent devrait être mis sur un filtrage plus efficace aux frontières extérieures de la zone. Une meilleure coopération avec les pays d’origine pour le renvoi des clandestins est également souhaitée. Début février, il a par exemple indiqué vouloir une coopération entre les Etats méditerranéens pour «réguler efficacement les migrations» mais aussi «faciliter la circulation de ceux qui contribuent à nos échanges économiques, culturels, scientifiques».
ANNE HIDALGO
Dans les 70 propositions de son programme, la socialiste lie elle aussi la question de l’immigration à l’Union européenne. Elle souhaite une plus grande solidarité entre ses Etats membres, pour une réforme du système Dublin. Ainsi, un immigré ne devra plus forcément être traité par le premier pays d’entrée dans l’UE, mais par un pays ayant les capacités de l’accueillir.
Concernant la France, Anne Hidalgo affirme vouloir un accueil digne et une répartition équilibrée sur tout le territoire. Elle souhaite également améliorer leur intégration, avec des cours de français gratuits pour tous les immigrés, où «les dimensions culturelles et historiques» du pays seront enseignées également, ainsi que l’accès au travail dès la demande d’asile (avant la réponse des autorités).
CHRISTIANE TAUBIRA
La candidate de gauche, Christiane Taubira s’est prononcée pour la création d’une «agence européenne de l’asile». Elle entend donc laisser à l’UE le soin de se charger du problème, en sortant néanmoins de «l’absurdité de Dublin», le règlement actuellement en vigueur, qui, selon elle, «aiguise les égoïsmes nationaux (et est) un dispositif qui facilite le broyage des personnes qui sont en détresse».
Elle a aussi indiqué vouloir s’attaquer aux passeurs, plutôt qu’aux migrants.
JEAN-LUC MÉLENCHON
Le chef des Insoumis souhaite en finir avec le règlement Dublin et mettre fin aux opérations de Frontex (agence européenne qui garde les frontières extérieures de l’espace Schengen). Il veut dénoncer les accords du Touquet, qui font que le Royaume-Uni externalise sa frontière en France, à Calais.
Concernant les immigrés, il demande que la carte de séjour de dix ans devienne la référence, que tous les travailleurs sans-papiers soient régularisés, qu’une commission soit créée pour être saisie par le demandeur en cas de refus de délivrance de titre de séjour, ou encore qu’un accueil digne soit assuré, et ce partout sur le territoire européen.
Jean-Luc Mélenchon veut aussi établir la présomption de minorité pour les clandestins non-accompagnés et l’interdiction des tests osseux pour connaître leur âge. Il souhaite élargir le droit d’asile et permettre aux demandeurs de travailler pendant l’attente de leur réponse. Il entend également rétablir le droit du sol, reconnaître le droit de vote et d’éligibilité des résidents venant d’en dehors de l’UE et lancer un programme de maîtrise du français et des principes républicains.
FABIEN ROUSSEL
Le communiste Fabien Roussel entend dénoncer les accords du Touquet et de Dublin, tout en renforçant la politique d’accueil des réfugiés en France. Il souhaite que soit ratifiée la Convention internationale du 18 décembre 1990, garantissant la protection de tous les travailleurs migrants ainsi que leur famille.
Il veut interdire les tests osseux pour déterminer l’âge des mineurs non-accompagnés (qui devront être pris en charge) et régulariser les travailleurs sans-papiers, dans le but d’éviter la concurrence entre les salariés.
YANNICK JADOT
Le candidat écologiste assure dans son programme vouloir sortir d’une optique sécuritaire, en confiant la question de l’immigration «à un grand ministère des solidarités». L’accès à la santé et à l’hébergement sera assuré aux migrants et il sera demandé à la police et à la justice d’être moins actifs à leur encontre. La détention des mineurs sera interdite, celle des adultes ne se fera qu’en dernier recours.
Comme les autres candidats de gauche, Yannick Jadot souhaite la fin des tests osseux et la régularisation des sans-papiers qui ont un travail (ainsi qu’une vie familiale et des enfants scolarisés). L’accès à des cartes de séjour sera simplifié et des «séjours humanitaires» seront créés.
PHILIPPE POUTOU
Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou milite pour l’accueil de tous les migrants sur le sol français et leur libre installation. Il veut la régularisation de tous les sans-papiers. De même, il compte donner le droit de vote à tous les étrangers résidant en France.
NATHALIE ARTHAUD
La représentante de Lutte ouvrière à la présidentielle dit «bienvenue» aux migrants et revendique pour eux la liberté de circulation et d’installation en France.
JEAN LASSALLE
Jean Lassalle n’a pas encore détaillé ses idées concernant l’immigration, sur son site internet ou dans les médias. En 2017, il proposait de renforcer les effectifs des douanes et des forces aux frontières à des endroits clés d’immigration illégale, comme Mayotte ou la Guyane