La Russie a envahi l’Ukraine jeudi avant l’aube. Moscou refuse que l’Ukraine entre dans l’Otan, malgré les demandes répétées de Kiev, et reproche à l’organisation son élargissement en Europe de l’est.
Quelques pays d’Europe ne font toutefois toujours pas partie de l’Alliance créée en 1949. Quels sont-ils ? Quels enjeux cela représente pour eux ? 20 Minutes fait le point.
Les proches de Moscou
Parmi les pays qui n’ont pas demandé à entrer dans l’Organisation du traité de l’Atlantique nord figure le premier complice de l’invasion en Ukraine : la Biélorussie. En 1992, le pays a adhéré au Conseil de coopération nord atlantique mais les relations de coopération ont été rompues en 2021. La Biélorussie a permis aux troupes de Moscou de traverser son territoire mais aussi d’y lancer des frappes.
La position de la Serbie est moins claire. Le pays n’est pas membre de l’Otan (et a d’ailleurs vécu des bombardements de la part de l’alliance en 1999, lors de la guerre du Kosovo). Elle a toutefois déposé une candidature d’adhésion à l’Union européenne en 2009. Mais les liens entre Serbes et Russes sont puissants : 83 % des citoyens serbes estiment que Moscou est un « ami ».
Le président serbe Aleksandar Vucic s’est d’ailleurs refusé à imposer la moindre sanction à Moscou après le déclenchement de la guerre en Ukraine, soulignant que « la Russie n’a jamais imposé de sanctions » à Belgrade.
Les pays inquiets
La Moldavie n’a jamais souhaité entrer dans l’Otan mais coopère toutefois avec l’Alliance. Toutefois, cerné par l’Ukraine, le pays s’inquiète de l’offensive russe à ses portes. D’autant plus que le pays a un souci à l’est : la Transnistrie. Cette bande de terre deux fois plus petite que l’Alsace coincée entre la Moldavie, à laquelle elle est censée être rattachée, et l’Ukraine revendique son indépendance. Elle bénéficie d’aides en provenance de Moscou et cette enclave amie pourrait donner à Vladimir Poutine de nouvelles envies d’expansion.
Un problème que partage la Géorgie. Le pays possède deux régions indépendantistes, qui lorgne sur le pouvoir de Moscou : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Comme la Moldavie, Tbilissi ne fait pas partie de l’Otan. Mais la Géorgie aspire à devenir un membre de l’Alliance et regarde avec inquiétude l’invasion de l’Ukraine. Emmanuel Macron a d’ailleurs affirmé sa « détermination à soutenir » la Moldavie et la Géorgie ce samedi.
Malgré des bombardements de l’alliance en 1995, contrairement à la Serbie, la Bosnie-Herzégovine souhaite intégrer l’Otan. Le pays est déchiré et les visées sécessionnistes de la partie serbe du pays, la Bosnie, sont plus fortes que jamais. Moscou soutient Milorad Dodik, le chef de la République serbe de Bosnie. Un autre pan de l’immense échiquier politique de Vladimir Poutine, sur lequel il pourrait déplacer de nouveaux pions dans les mois à venir.
Moins inquiète, mais tout de même sur le qui-vive, l’Irlande a récemment renforcé sa défense – dont le budget est le plus bas de l’Union européenne – face à la menace russe. Moscou a mené des exercices militaires au large de la côte sud de l’Irlande début février, une manœuvre considérée comme une provocation par Dublin. Historiquement neutre, le pays ne fait pas partie de l’Otan mais collabore avec l’Alliance et dispose d’un accord avec le Royaume-Uni qui prévoit l’intervention des forces britanniques en cas d’invasion aérienne étrangère.
La Finlande et la Suède, à part
Membres de l’Union européenne, la Finlande et la Suède ont décidé de garder leurs distances avec l’Otan. Après la violente agression russe, les pays scandinaves ont réitéré leur volonté de ne pas s’allier avec l’Otan.
La présidente de la Suède a déclaré que le pays était « hors des alliances depuis extrêmement longtemps » ce qui lui avait « bien servi ». La Finlande, qui partage une frontière de 1.340 km avec la Russie, a aussi exclu une adhésion à l’Alliance mais le pays possède une disposition d’« option Otan » qui lui permet de demander l’adhésion en cas de danger pour le pays.
Tout comme l’Ukraine, l’adhésion hypothétique de la Finlande et la Suède à l’Otan angoisse Moscou. Vendredi, la Russie a menacé les pays scandinaves de « conséquences militaires » en cas d’adhésion.
La neutralité chevillée au corps
La Suisse n’est évidemment pas membre de l’Otan. Ni de l’Union Européenne. Berne n’approuve pas l’invasion de l’Ukraine par la Russie mais se refuse à s’aligner sur les sanctions occidentales, au nom de la sacro-sainte neutralité, valeur chère à la confédération helvétique. Le pays va tout de même prendre des mesures afin de ne pas être utilisé comme un lieu de contournement des sanctions européennes, comme en 2014 lors de l’invasion de la Crimée.
Enfin, l’Autriche devenue neutre après la Seconde Guerre mondiale et l’obtention de sa souveraineté en 1955, tente de garder cette position. Toutefois le pays, s’il n’est pas membre de l’Otan, participe activement à des opérations de maintien de la paix.
La Russie aspire à ce que l’Ukraine, elle aussi, revendique sa neutralité. Toutefois, le gouvernement de Kiev s’y oppose et aimerait se protéger en intégrant l’Otan. Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, s’était d’ailleurs refusé à exclure l’Ukraine des potentiels candidats à l’Otan, malgré les demandes répétées du Kremlin.
Si le but du Kremlin est d’avoir « moins d’Otan » à ses frontières, « il n’obtiendra que plus d’Otan », avait-il asséné. Car, constatant que les bottes de l’armée russe s’approchent de leurs frontières, plusieurs pays européens pourraient revoir leur principe de neutralité…
(D’après 20minutes)