Par Raouf KHALSI
« La Tunisie n’est ni une ferme, ni un jardin d’autrui », a affirmé le Président en recevant le ministre des Affaires étrangères. C’est que la Tunisie fait l’objet d’une cabale orchestrée par certaines « puissances » encore taraudées par des relents néocolonialistes. D’ailleurs, ces mêmes puissances ne réalisent pas la gravité du moment avec des pesanteurs géostratégiques en passe d’être bouleversées et qui comporteront de nouveaux axes, de nouvelles trajectoires et, aussi, un nouvel ordre mondial dont on ne connait pas encore la coloration, indépendamment des vociférations de Trump et la hargne mise à vouloir transformer le monde.
Pour autant, tout indique que la « Vieille Europe » (termes utilisés par les néoconservateurs de Bush fils) s’apprête à replonger dans ses fantasmes. Que lui réserve le nouvel ordre mondial ? Rien ou presque si l’on tient compte du désengagement de l’Amérique de l’OTAN. Macron se veut le nouveau leader de l’Europe pour faire face à Poutine : à priori, ce sera peine perdue.
La France (notre douce France de jadis) ne se départit pas pour autant de sa « vocation » de donneuse de leçons. Dans sa trajectoire, comme par la contorsion d’idée fixe, il y
a la Tunisie . Et, d’ailleurs, lors d’une communication téléphonique récemment entre Saied et Macron, le Chef de l’Etat n’a pas manqué de rappeler à son interlocuteur que les relations entre les deux pays doivent être empreinte de respect mutuel, ce qui signifie en somme que la Tunisie n’accepte pas d’injonctions d’où viennent et que la souveraineté nationale est une ligne rouge.
In n’empêche : le Quai d’Orsay n’en rate pas une pour « faire part de ses inquiétudes sur ce qui se passe en Tunisie » sans faire la part des choses et sans tenir compte d’une donne diplomatique fondamentale : le respect de la souveraineté de la Tunisie.
Comme l’a dit le Président au ministre des Affaires étrangères, la Tunisie peut elle aussi envoyer des observateurs à l’étranger. Bien entendu, il l’a dit dans une formulation métaphorique, mais c’est lourd de sens : que chacun balaie devant sa porte.
Il reste qu’il ne faut pas perdre de vue certaines interconnexions entre ces puissances qui se veulent hégémoniques et des lobbies de chez nous. Un rapport d’intérêts, mais ayant le régime pour cible. On se rappelle « les inquiétudes » exprimées par l’administration Biden quant au « sort de la démocratie en Tunisie ». Radhouane Masmoudi n’est pas étranger puisqu’il mène inlassablement une campagne contre le régime de Kaies Saied qui a pourtant libéré le pays des tentacules d’Ennahdha. Il y aussi Moncef Marzouki qui se fait inviter dans des conférences où il fustige systématiquement la Tunisie. Mais il y a aussi les salons feutrés de Paris où se meut la (re) connexion gaucho-intégristes. N’oublions bien sûr pas les agitateurs en place en perte de vitesse et que personne ne croit plus.
La Tunisie recouvre sa souveraineté et brise les chaînes de certains déterminismes ayant soumis le pays durant la décennie noire à certaines sujétions honteuses. Est-ce un blasphème ?