Devant un public nombreux, Mohamed Ali Nehdi a présenté samedi son long métrage « Moez, le bout du tunnel » à la maison de la culture de Nabeul. « La salle est pleine. C’est une belle validation », se réjouit le réalisateur Mohamed Ali, entourée de sa femme, Rahma Zoghlami, la directrice artistique du film.
« Je me suis retrouvé face à une situation qui m’a obligé à faire un long-métrage qui était, au début, destiné à être une série pour la télévision. Cela m’a pris 5 ans pour choisir et former les comédiens du film, parce que je n’avais pas envie de comédiens professionnels, d’un casting lambda, je voulais faire des rencontres. Je savais que le film tiendrait sur les comédiens. Il me fallait des jeunes qui savent porter une dramaturgie. J’ai réécrit le scénario avec Slim Ben Ismail. »
Un film sur la condition humaine
« Ce qui m’intéresse dans ce film, explique le réalisateur Mohamed Ali, ce ne sont pas les attentats eux-mêmes, mais leur genèse. C’est un film sur la condition humaine, sur les gens qui sont abandonnés, ceux qui ne trouvent d’autres façons de s’exprimer que la violence. Et pour le comprendre, je voulais passer de l’autre côté du miroir. »
« Le terrorisme est un mode d’expression pour des populations en marge, qui sont manipulées et auxquelles on lave le cerveau, parce qu’elles n’ont pas de perspective. L’islam radical leur offre comme perspective le paradis. 120 personnes ont pris part à ce film et là j’ai bataillé dur car il n’est pas subventionné. Il fallait que je trouve de fonds pour financer cette production allant même à vendre la voiture de ma femme. C’est un défi, un challenge technique et artistique, qui a été rendu possible grâce à toute l’équipe du film citant notamment sa femme Rahma Zoghlami, à la direction artistique. Mes études en cinéma en France m’ont beaucoup aidé dans la réalisation de ce long métrage »
« Le plus important, dit-il, c’est qu’ils sont nombreux à adhérer à ce film à Sfax, à Nabeul, à Tunis. Quand je vous parle d’adhésion, je parle du public. On est dans une société où le débat public est fondamental. En voyant le film, une forme de conscientisation du problème a lieu. Je suis très heureux de cette appropriation du film, des réactions qu’il suscite, je suis heureux qu’il ouvre le débat. Après, oui, je veux que le film voyage. Et en termes de marché, je ne peux pas compter sur la Tunisie. « Moez est déjà programmé dans des festivals étrangers. Il sera projeté au Canada et en Europe »
« Il y a des pressions indirectes. Tout cela arrive. Mais globalement, il y a un terrain fertile pour la liberté d’expression en Tunisie », conclut Daly.
Une pléiade d’acteurs
Notons que « Moez » réunit une pléiade d’acteurs et d’actrices dont de nouvelles figures et autres artistes plus connus sur la scène nationale, au cinéma comme à la télévision .A l’affiche, le jeune acteur Saif Menai, Akram Mag, en plus de Slah Msaddak, Moncef Agengui, Leila chebbi, Mohamed-Ali Madani et une apparition spéciale du grand artiste Lamine Nahdi.
Le réalisateur Mohamed Ali Nehdi est également auteur de courts-métrages dont deux fictions “le projet” (2008), “Il était une fois l’aube” (2010) et un documentaire “Enfin je m’exprime” (2011). Il a eu des apparitions dans des films tunisiens et étrangers, notamment des longs-métrages dont “Keswa, le fil perdu” de Kalthoum Bornaz (1997), “Noces de lune” de Taieb Louhichi (1999), “Fatma” de Khaled Ghorbel (2001), “La villa” de Mohamed Damak” (2004) et “Cinecittà” de Brahim Letaief (2009).
Nahdi a également eu un rôle dans “Or noir” (2011) du français Jean-Jacques Annaud, adaptation du roman “La soif noire” (The Great Thirst) du Suisse Hans Ruesch (1957) dont les romans sont souvent adaptés au cinéma.