C’était dans l’air : quelque chose, quelques indices, des insinuations, des déclarations nuancées, laissaient supposer qu’il y a péril en la demeure. Les divers mouvements au sein du corps sécuritaire, l’affaire Instalingo, ainsi certaines manœuvres suspectes, présageaient d’une trame contre la sécurité de l’Etat. C’est que le 25 juillet a provoqué une onde de choc ayant déstabilisé les ennemis de la Tunisie, de l’intérieur comme de l’extérieur.
Il ne tient pas à nous, médias, de prendre les recoupements pour des faits avérés. Mais les indices sont là : récurrents et intangibles. Lors de la conférence de presse donnée, hier, par le ministère de l’Intérieur, où le protocole annoncé ne prévoyait pas des questions-réponses, les informations données sont édifiantes : le Président est ciblé dans son intégrité physique, tout autant qu’il y a eu tentative de coup d’Etat, un Ben Guerdane bis, en somme…C’est ce qu’on pourrait en conclure. Le ministère de l’Intérieur a jugé utile de sensibiliser l’opinion publique, à travers une conférence de presse inédite, tenue hier dans ses locaux.
Plusieurs affaires ont été abordées et de nouvelles données ont été annoncées.
Le ministère de l’Intérieur a confirmé l’existence d’un plan ciblant le Président de la république considérant que ces menaces ont atteint un degré de gravité nécessitant la sensibilisation de l’opinion publique.
« Je vous annonce aujourd’hui que selon de nombreuses et fréquentes informations vérifiées par nos services sécuritaires au ministère de l’intérieur, la vie et la sécurité du Président de la République et de la présidence sont ciblées », a déclaré la porte-parole du ministère.
Le ministère a souligné que le travail sécuritaire et les enquêtes se poursuivent afin de détecter les plans ciblant le Président de la République et dans le but de recueillir le maximum de détails.
Le ministère de l’Intérieur a confirmé aussi qu’une opération terroriste, visant l’un des locaux sensibles, situé à l’Avenue de la liberté de Tunis, avait été déjouée la nuit d’avant.
Selon le directeur du bureau de l’information et de la communication du ministère de l’Intérieur, Faker Bouzghaya, l’élément terroriste arrêté après avoir poignardé deux agents de sécurité, avait été condamné à 17 ans de prison, puis libéré en 2021.
Selon le ministère de l’intérieur, il s’agit d’un soupçon d’enregistrement de transactions financières pour des activistes au sein d’une association appelée « Namaa Tunisie » et de suivi d’importants virements financiers en cours qui ne sont pas conformes à son activité déclarée.
La porte-parole du ministère de l’Intérieur, Fadhila El Khelaïfi, a confirmé que trois personnes avaient été arrêtées en premier lieu et que leurs magasins avaient été fouillés et que plusieurs ordinateurs, appareils, documents financiers et relevés bancaires, confirmant qu’elles avaient reçu des fonds de l’étranger, avaient été saisis.
D’autre part, il a été révélé que certaines personnalités ont également été incluses à la recherche, et que ceux qui avaient un siège connu et légal en Tunisie ont été convoquées, y compris un ancien responsable politique et l’un des fondateurs d’un parti politique qui a été mis en garde à vue sous autorisation judiciaire.
Quant à l’enquête ouverte sur l’affaire « Instalingo », Khelaïfi a mentionné que la loi a été appliquée contre une personne soupçonnée d’être impliquée, malgré son appartenance à l’institution sécuritaire, auparavant,
Dans ce contexte, il convient de noter que cette enquête est ouverte pour : tentative d’atteinte à l’Etat (coup d’Etat, provoquer le chaos, les meurtres et les pillages et, en gros, à porter atteinte à la sécurité de l’Etat.
Rym Chaabani
Affaire association « Namaa Tunisie » : Arrestation d’un ancien haut responsable politique pour soupçons de blanchiment d’argent
La porte-parole officielle du ministère de l’Intérieur, Fadhila Khelifi, s’est, par ailleurs, exprimée sur les derniers développements de l’affaire liée à l’association « Namaa Tunisie ».
La porte-parole a fait état de « transactions financières suspectes » au sein de cette association et « la détection de flux financiers importants ne correspondant pas avec son activité autorisée. »
La porte-parole a révélé l’arrestation de 3 personnes et la perquisition de leurs résidences et la saisie de nombreux ordinateurs, appareils, documents financiers et extraits bancaires prouvant qu’ils avaient reçu des fonds de l’étranger.
Plusieurs personnes font actuellement l’objet d’enquête dans le cadre de cette affaire, a affirmé la porte-parole, ajoutant que celles qui ont un domicile élu et légal en Tunisie ont été convoquées, citant en exemple un ancien haut responsable politique et un des fondateurs d’un parti politique (en référence à l’ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali et un ancien dirigeant du mouvement Ennahda).
Le haut responsable précité est actuellement détenu pour enquêtes et investigations sur ordre judiciaire, a-t-elle confié, ajoutant qu’il est soumis à la loi tout comme les autres personnes visées par la l’enquête et fait l’objet de poursuites.
Toujours selon la même source, les enquêtes ont révélé que le gendre de cet homme politique arrêté avait présenté les indices « d’un enrichissement illicite » dont l’origine est « inconnue et injustifiée », ajoutant qu’après avoir omis volontairement de dévoiler les sources des fonds mentionnés, il s’est avéré qu’il y a « un sérieux soupçon » de blanchiment d’argent.
Actuellement en cavale, le gendre en question fait objet d’enquêtes et devrait comparaître dès son arrestation, précisant que le parquet avait ordonné la détention de ceux dont la gravité des soupçons est avérée, laissant entendre l’implication de nombreuses personnalités dans cette affaire.
Par souci de secret des enquêtes, elle s’est refusée à tout autre détail ou précision à ce propos.
Des informations relayées par des médias ont fait dire que le parquet près le pôle judiciaire antiterroriste avait ordonné, jeudi soir, la détention de l’ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, sur fond de soupçons de blanchiment d’argent attribués à des membres de l’Association « Namaa Tunisie ».