Pour la deuxième fois en quelques jours, des partisans de l’influent leader politique chiite Moqtada Sadr ont envahi samedi le Parlement irakien, après avoir pénétré dans l’ultra-sécurisée zone verte de Bagdad, lors d’une nouvelle journée de protestation dans un pays secoué par une nouvelle crise politique. Les manifestants ont annoncé vouloir occuper le Parlement jusqu’à nouvel ordre.
A l’intérieur du bâtiment, les manifestants déambulaient dans l’hémicycle en faisant le signe de la victoire et en prenant des selfies, dans une ambiance bon enfant. Brandissant des drapeaux irakiens, des portraits de Moqtada Sadr et des insignes religieux, des centaines de manifestants se pressaient dans le hall d’entrée du Parlement avant de pénétrer dans l’hémicycle. Mercredi, des manifestants avaient brièvement occupé le Parlement.
Les forces de sécurité irakiennes ont tenté dans un premier temps de repousser les manifestants, faisant usage de gaz lacrymogènes. Sans succès : comme mercredi, déjà, les partisans de Moqtada Sadr ont finalement pénétré l’enceinte du Parlement pour rejeter le candidat au poste de premier ministre présenté par les adversaires de Sadr.
L’impasse politique est totale en Irak qui attend toujours la nomination d’un nouveau Président et d’un Premier ministre, dix mois après les législatives d’octobre 2021. Faiseur de roi et trublion de la scène politique, Moqtada Sadr a lancé une campagne de pression maximale contre ses adversaires, rejetant leur candidat au poste de chef du gouvernement.
« Tout le peuple est avec toi Sayyed Moqtada », ont scandé les contestataires, utilisant son titre de descendant du prophète de l’islam. Les manifestants dénoncent la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani, jugé proche de l’ancien chef du gouvernement Nouri al-Maliki, ennemi historique de M. Sadr.
« Nous sommes là pour une révolution de la réforme (…) pour rendre victorieux le peuple et Sayyed Moqtada Sadr le leader », a lancé un manifestant. « Le corrompu nous n’en voulons pas, et nous ne voulons pas essayer ceux qu’on a déjà vu au pouvoir », a-t-il dit, interrogé par l’AFP. « Ils ne nous apportent rien, depuis 2003 jusqu’à maintenant ce sont les mêmes, ils nous ont porté préjudice ».
Mercredi, des milliers de manifestants sadristes avaient envahi ce quartier et brièvement occupé le Parlement pour rejeter la candidature de Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans. Issu du sérail politique, Soudani est le candidat du « Cadre de coordination », alliance de factions chiites pro-Iran regroupant la formation de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et les représentants du Hachd al-Chaabi, ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières.
« Poursuivre l’escalade politique accroît les tensions dans la rue », a regretté dans un communiqué l’actuel Premier ministre, Moustafa al-Kazimi. S’il a aujourd’hui décidé de maintenir la pression sur ses adversaires, Sadr leur avait pourtant laissé la tâche de former un gouvernement, faisant démissionner en juin ses 73 députés : ils représentaient la première force au sein du Parlement de 329 députés.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les partisans de Sadr ont saccagé à Bagdad des bureaux du parti Daawa de M. Maliki, ainsi que des locaux du Courant Hikma, la formation du politicien Ammar al-Hakim, qui fait partie du Cadre de Coordination, selon une source de sécurité.
(avec agences et médias)