Pénurie de sucre, café, tabac, farine, semoule, huile et l’on en passe en Tunisie ; en Egypte, c’est plutôt le thé, l’un des produits les plus consommés par les Egyptiens, qui risque de manquer prochainement. La plus grande entreprise d’importation de thé du pays a prévenu les Égyptiens qu’ils ne trouveront plus de thé dans les rayons d’ici moins d’un mois car elle manque de devises étrangères pour régler les importations.
Les Égyptiens pourraient faire face à une pénurie de thé d’ici moins d’un mois si les banques ne débloquent pas les dollars américains nécessaires aux accords d’importation, a fait savoir lundi un géant du thé. El-Fath for Food Industries, la société qui emballe et vend le célèbre thé El-Arosa, a déposé une réclamation officielle auprès du gouvernement égyptien, avertissant que les Égyptiens ne trouveront bientôt plus de thé dans les rayons car les stocks dans les silos s’épuisent. Environ 6 000 tonnes de thé El-Arosa se trouvent dans les ports égyptiens depuis près d’un mois, mais sans devises étrangères pour le payer, la société ne peut pas dédouaner sa cargaison.
Les réserves de devises étrangères de l’Égypte ont diminué en juillet à environ 33,14 milliards de dollars, tandis que la livre égyptienne s’affaiblit et devrait atteindre un record de 25 points par rapport au dollar américain. Certains économistes égyptiens signalent que le pays pourrait faire face à une baisse des réserves monétaires dans des limites qui ne couvriraient pas trois mois d’importations, alors que les Égyptiens continuent de faire face à l’inflation et aux factures d’énergie élevées, exacerbées depuis que la Russie a attaqué l’Ukraine en février.
Le thé est un des produits les plus essentiels d’Égypte, les Égyptiens consommant 5 milliards de livres égyptiennes de feuilles vertes chaque année (260 millions de dollars), selon les estimations officielles. Le thé El-Arosa, surnommé « Remonte-moral des Égyptiens » et qui voit son nom immortalisé dans des chansons et la culture, n’atteindra pas les rayons des commerces si le gouvernement ne peut pas surmonter ses obstacles financiers.
Les journaux locaux ont mis en garde contre les conséquences, titrant notamment « Le moral des Égyptiens en danger », le hashtag « thé El-Arosa » a été tendance sur les réseaux sociaux depuis que la nouvelle est connue, et un commentateur bien connu a prévenu que « Le thé El-Arosa est une ligne rouge ». L’Égypte importe 60 % du thé qu’elle consomme, dont 84 % des importations en provenance du Kenya en 2020, pour un total de 167 millions de dollars. L’Égypte a importé 4,8 % de son thé du Sri Lanka et 2,19 % des Émirats arabes unis la même année.
L’Égypte se classait au septième rang de la consommation mondiale de thé par personne en 2016, tandis que la Turquie arrivait première. En 2018, environ 273 milliards de litres de thé et de café ont été consommés dans le monde, selon le Comité international du thé. En 2020, l’Égypte a importé pour 195,6 millions de dollars de thé au total.