L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a exhorté les médias audiovisuels à « ne pas diffuser de discours politiques visant à inciter à la discrimination entre tous les Tunisiens sur la base de l’appartenance locale, régionale ou politique et tout ce qui constituerait une menace à la paix et la sécurité nationales, soulignant que « les prochaines législatives baliseront la voie à l’élection des représentants du peuple tout entier. »
L’instance a rappelé, par ailleurs, que l’article 65, alinéa 1er, de la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014 relative aux élections et au référendum, telle que modifiée et complétée par les textes subséquents, dispose que la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) garantit autant que possible le droit d’accès aux médias audiovisuels « à toutes les sensibilités intellectuelles et politiques, durant la phase de campagne pré-électorale sur la base du pluralisme ».
Ainsi, partant des principes généraux régissant les élections, notamment, ceux relatifs aux règles et à la déontologie de la profession de journaliste, et dans le souci d’assurer une couverture médiatique de la période de campagne pré-électorale qui soit en mesure de respecter les principes de diversité et de pluralisme, l’ISIE, en sa qualité d’organe tutélaire en matière électorale, a formulé une série de recommandations aux médias audiovisuels et aux journalistes.
Après avoir rappelé que la phase de campagne pré-électorale a débuté à partir du 25 septembre et se poursuivra jusqu’au 24 novembre 2022, l’ISIE a passé en revue les différentes restrictions et interdictions liées à la phase de campagne pré-électorale, soulignant qu’il est strictement interdit durant cette phase :
– De procéder à la publicité politique au profit des candidates et candidats aux élections législatives ;
– Diffuser et publier les sondages d’opinion directement ou indirectement liées aux élections législatives, ainsi que les études et communiqués de presse y afférents à travers les différents médias.
– Annoncer l’attribution d’un numéro vert dans les médias, d’un serveur vocal ou d’un centre d’appel au profit des candidats aux élections législatives.
D’autre part, et en relation avec le pluralisme et la diversité, l’ISIE a tenu à souligner la nécessité pour les médias d' »assurer la liberté d’expression des diverses sensibilités intellectuelles, politiques et partisanes, sur la base du pluralisme » et d’œuvrer à « respecter le principe d’égalité des chances entre les différentes candidats et candidates ou ceux qui ont annoncé leur intention de se porter candidat aux législatives et l’adoption d’une couverture équilibrée entre les différents acteurs politiques. »
L’ISIE rappelle à ce titre que les médias doivent, lors de l’organisation des débats, choisir les intervenants et les participantes dans le respect des normes de la déontologie professionnelle et trouver un équilibre sur la base d’une approche genre. La priorité est donnée dans la couverture de la période de campagne pré-électorale, dans les médias régionaux et associatifs, à l’enjeu local, selon la zone de sa couverture, insiste l’ISIE.
Les médias devraient, également, faciliter l’accès des personnes handicapées et assurer leur présence dans leurs programmes et être soucieux d’adopter la langue des signes dans leurs bulletins d’information, en plus de veiller à ce que les jeunes soient associés aux différentes émissions de radio et de télévision dédiées pour la pré-campagne électorale et dans la discussion de sujets liés aux affaires publiques.
L’instance électorale a, en outre, souligné la nécessité pour les médias d’adhérer, dans le cadre de la responsabilité, aux normes suivantes :
– La couverture médiatique de la campagne des élections législatives, tout en veillant à dédier des programmes-débats aux questions d’affaires publiques.
– Imposer le respect des règles et de la déontologie de la profession journalistique de la part des commentateurs réguliers ou occasionnels et leur engagement d’objectivité et ne pas se faire entraîner en aucune manière dans le jeu de l’orientation et de l’influence des intentions de vote de l’électorat.
Les médias publics, en leur qualité de service public, sont également tenus d’exercer leurs fonctions lors des scrutins électoraux, de manière à pouvoir éclairer l’opinion publique en toute impartialité et professionnalisme, dans le respect du pluralisme intellectuel et politique.
L’ISIE a, également, souligné la nécessité pour les médias de garantir ce qui suit :
– Les interventions des représentants et représentantes des pouvoirs publics dans les émissions auxquelles ils sont conviés en leur qualité ne doivent comporter aucune forme de propagande électorale et doivent se plier au devoir de la neutralité administrative.
– Les interventions des représentants et représentantes des partis ou personnalités candidates en lice aux élections ou qui ont exprimé leurs intentions à se porter candidat ne doivent aucunement comprendre la propagande électorale s’ils étaient invités à des programmes apolitiques.
– Faire preuve de prudence et diligence lorsqu’il est question de fournir des informations dans le but d’informer l’électeur sur les différents aspects du processus électoral.
– Ne pas porter atteinte au caractère sacré de la vie privée et des données personnelles des candidats, et s’abstenir de diffuser tout discours contenant de la diffamation, des insultes, de l’incitation à la violence et à la haine, ou une incitation à la discrimination fondée sur l’opinion, la couleur, la religion, le sexe, parti ou toute autre base ou tout ce qui est de nature à porter atteinte aux valeurs et principes d’un Etat civil et démocratique.
– Adopter un journalisme explicatif dans les émissions liées aux affaires électorales et solliciter, le cas échéant, l’assistance d’experts qualifiés dans leur domaine d’expertise, à condition (…) que leurs interventions n’incluent pas de propagande politique au profit de candidats aux élections législatives.
– S’appuyer dans les programmes liés aux affaires électorales sur des journalistes initiés aux textes législatifs et réglementaires régissant le processus électoral.
– Eviter l’apparition médiatique des candidats aux législatives parmi les journalistes, les animateurs des médias et tout collaborateur qui apparaît fréquemment dans leurs programmes tout au long de la phase de campagne pré-électorale.
Dans le même sillage d’idées, l’ISIE exhorte les médias, les journalistes, hommes et femmes, à s’abstenir de faire de la propagande politique au profit d’un parti politique, d’un groupement, d’une personnalité politique ou de tout parti soutenant des candidats aux élections législatives lorsqu’ils couvrent des questions électorales, et éviter de diffuser des reportages qui pourraient constituer une propagande politique déguisée.