En Iran, le procureur général a annoncé l’abolition de la police des mœurs, qui avait interpellé la Kurde Mahsa Amini alors qu’elle ne portait pas son voile. La mort de la jeune fille, des suites de son interpellation violente, avait déclenché un grand mouvement de contestation dans le pays. « La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée », a indiqué le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, samedi soir dans la ville sainte de Qom. Vendredi, il avait déjà annoncé que la loi sur le port obligatoire du voile pourrait être modifiée prochainement, sans indiquer si ce changement irait dans le sens d’un assouplissement ou d’un durcissement.
La police des mœurs, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d’orientation), a été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2006, pour « répandre la culture de la décence et du hijab ». Elle est formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps. Le rôle de la police des mœurs a évolué au fil des années, mais il a toujours divisé, même parmi les candidats à la présidentielle.
Sous le mandat du président modéré Hassan Rohani, on pouvait croiser des femmes en jeans serrés portant des voiles colorés. Mais en juillet dernier, son successeur, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a appelé à la mobilisation de « toutes les institutions pour renforcer la loi sur le voile », déclarant que « les ennemis de l’Iran et de l’islam voulaient saper les valeurs culturelles et religieuses de la société en répandant la corruption ». Les femmes qui enfreignent le strict code vestimentaire de la République islamique d’Iran risquaient d’être embarquées par cette unité.