La Tunisie connait une situation socio-économique compliquée ; cela n’échappe à personne. Les horizons s’assombrissent et les solutions se limitent de jour en jour. Dans ce contexte, le dialogue entre l’UGTT et le gouvernement a connu des hauts et des bas durant les derniers mois. Plus récemment, les « points de divergences de vues » entre la centrale syndicale et le gouvernement, notamment en ce qui concerne l’accord avec le FMI, les réformes fiscales, la levée des subventions et la situation des entreprises publiques, semblent s’exacerber dernièrement ; ce qui risquerait d’aboutir, selon les observateurs, vers une escalade de tensions qui mettrait évidemment en péril le projet de « paix sociale » pour au moins une période de trois années, convenu il y a à peine quelques mois entre Taboubi et Bouden. Tour d’horizon sur les récentes déclarations de part et d’autres.
« Nous appelons au dialogue et nous voulons discuter mais le problème, aujourd’hui, est un problème de crédibilité et de pouvoir décisionnel », a indiqué récemment le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, lors de la 36ème édition des journées de l’Entreprise. Et Taboubi de mettre en garde : « Le tournant dangereux que traverse aujourd’hui la Tunisie en termes de prix élevés, de manque de matières de base, de détérioration du pouvoir d’achat du citoyen tunisien, d’absence de développement et de perturbation des projets dans de nombreuses régions ne peuvent pas être résolus par des conseils ministériels mais elle exige plutôt la clarté et une autorité politique qui croit au dialogue et travaille à construire des ponts de communication entre elle et le peuple sur la base de la confiance ».
Parallèlement, la ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Nouira Gongi, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cette édition a insisté que « le gouvernement continuera à entreprendre le dialogue avec l’UGTT et l’UTICA comme étant deux partenaires principaux ». Dans une allocution prononcée, samedi au palais des congrès à Tunis, à l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire de l’assassinat du dirigeant syndical Farhat Hachad le 3 décembre 2022, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a précisé qu’il est temps de procéder à un remaniement ministériel. Il a affirmé par la même occasion que ce qui se passe en Tunisie actuellement n’est pas rassurant puisque le gouvernement n’a pas de programme et procède avec les mêmes mécanismes que les gouvernements précédents.
Le 30 novembre 2022, Taboubi a annoncé que l’UGTT est libre de tout en engagement avec le gouvernement. Il a accusé « le gouvernement de vouloir passer des choix économiques colonialistes auxquels la centrale syndicale s’y opposera ».
Appel à informer le peuple des accords conclus avec les structures financières internationales
Taboubi ne rate aucune occasion pour appeler à informer le peuple des accords conclus avec les structures financières internationales. L’union générale tunisienne du travail (UGTT) a réitéré son appel, le 12 décembre 2022, à préserver le droit du peuple, des organisations et des partis de prendre connaissance des contrats « tacites » conclus entre le gouvernement et les structures financières internationales. Dans un communiqué rendu public, la centrale syndicale a exprimé à l’issue de la réunion de son bureau exécutif sa condamnation des allégations faites par le gouverneur de la banque centrale et la ministre des finances, ainsi que le ministre de l’économie et de la planification, relatives à une participation de l’UGTT à l’élaboration du programme du gouvernement. L’UGTT n’est pas appelée à respecter des accords auxquels elle n’a pas participé, et qui portent aussi atteinte à l’intérêt public. La centrale syndicale a réitéré son rejet de la levée des subventions et la privatisation des établissements publics. L’UGTT a également affirmé son attachement à préserver la pérennité des établissements publics et a mis en garde contre toute mesure unilatérale pouvant susciter la colère du peuple. « On ne sait rien des réformes proposées au FMI et cela aura de graves répercussions plus tard », a indiqué Taboubi le 9 décembre 2022, lors de la 36 ème édition des Journées de l’Entreprise.
Levée des subventions
Dans la plupart des déclarations , la levée des subventions est un axe que Taboubi n’arrête pas d’évoquer. Dans une déclaration médiatique le 9 décembre 2022, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a indiqué qu’il a appris, dans les coulisses, que le montant accordé aux subventions, une fois levée, sera de 118 dinars par an. Le 3 décembre 2022, Taboubi a fait part du rejet de la centrale syndicale du processus actuel en raison de l’absence de synergie avec les forces politique et sociale nationale. L’Union ne s’est pas trompée, en considérant le 25 juillet un tournant crucial pour la rectification du processus démocratique afin de remettre en relief les objectifs de la révolution, a estimé Taboubi. Le secrétaire général de la centrale syndicale a également mis en garde le gouvernement contre toute mesure visant à annuler les subventions aux produits de base. L’UGTT , a-t-il dit, fera face contre Les différentes conventions » tacites » conclues avec le fonds monétaire international. La centrale syndicale appelle à garantir le droit des citoyens à une vie digne dans un milieu salubre, a ajouté la même source.
Dans un autre contexte, des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux concernant l’appel de l’UGTT au boycott des législatives du 17 décembre. Taboubi a nié, le 9 décembre, les rumeurs susmentionnées. Il a ajouté que depuis le référendum du 25 juillet, la commission administrative de l’UGTT a décidé de ne pas intervenir dans les choix de ses militants.
Ghada DHAOUADI