L’UGTT voit-elle son heure resonner ? A l’évidence, la centrale syndicale entend reconquérir son statut de régulateur social et de contrepoids au pouvoir. Cela fait déjà un moment que Taboubi ne cesse de vociférer. Personne ne l’a écouté. Sauf que le flop des législatives lui donne l’occasion de tout mettre dans un package. Et cela fait qu’il remet sur la table son exigence première : le dialogue. L’UGTT s’insurge aussi contre « le mystère » FMI, tout en bifurquant sur le pouvoir d’achat qui s’érode et les problèmes de subsistance des Tunisiens. Bien entendu, elle vise en premier lieu le gouvernement et cette loi de finances jugées iniques. Oui mais, quelles réelles cartes aux mains de Taboubi ?
Depuis l’apparition des résultats des élections législatives, l’UGTT ne cesse de critiquer et de hausser le ton contre le président de la République Kais Saied. Le secrétaire général de la centrale syndicale ne rate aucune occasion pour jeter de l’huile sur le feu et s’exprimer sur le taux d’abstention aux élections législatives qui défraient la chronique depuis plusieurs jours et qui suscitent des avis mitigés. Il semble que rien ne plaise à Taboubi. Les redondance dans mêmes déclarations ne peuvent que traduire, clairement, sa position ; il parle d’un « échec total dans la gestion des affaires du pays » et il met en garde contre « l’incapacité du gouvernement à réaliser le moindre projet social ou
économique »(20 décembre 2022). Taboubi ne cesse de rappeler que l’UGTT ne restera pas les bras croisés; un message qui peut mener à plusieurs interprétations selon des analystes.
« La situation actuelle dans le pays est explosive »
L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a indiqué, dans un communiqué rendu public le 21 décembre 2022, que la situation actuelle dans le pays est explosive. ,Selon la même source, le taux faible de participation aux élections législatives est une prise de position du peuple face à un processus ambigu qui n’a fait que faire sombrer davantage de pays dans des crises. D’après la centrale syndicale, la situation actuelle impose à l’UGTT d’assumer sa responsabilité nationale et de contribuer aux côtés des forces nationales, pour sauver le pays selon des objectifs clairs et une feuille de route
bien déterminée. Et d’ajouter que l’amendement de la constitution vers une loi électorale qui balise la voie au totalitarisme n’a fait que compliquer la situation.
Dans le même contexte, l’UGTT a averti contre une défaillance du processus politique qui aura un impact négatif sur la situation générale du pays, son image ainsi que ses relations extérieures. La centrale syndicale appelle le gouvernement actuel à assumer ses responsabilités dans l’échec et son incapacité de mettre en place un programme économique et social participatif et de prendre des mesures urgentes pour lutter contre les répercussions de la crise économique nationale et internationale.
L’UGTT rejette les tentatives de certaines parties voulant imposer, à la centrale syndicale, leurs positions et intervenir dans ses décisions, lit-on dans le communiqué susmentionné.
L’équivoque des sources de financement
Le bureau exécutif élargi de l’union générale tunisienne du travail (UGTT) refuse la décision du gouvernement de limiter les sources de financement du budget de l’Etat aux emprunts extérieurs. Dans un communiqué rendu public mercredi au terme de sa réunion, le bureau exécutif a dénoncé la politique d’autocratie adoptée dans l’élaboration du budget de l’année 2023. Le bureau a également rejeté les mesures qualifiées de non sociales contenues dans ce budget appelant le président de la
République à assumer ses responsabilités en cas d’adoption d’une telle version. Selon la
même source, le bureau de la centrale syndicale a également contesté l’absence de transparence en référence aux négociations avec le Fonds monétaire international. Le bureau exécutif a rappelé, à ce propos, la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens à cause de la flambée des prix face à un échec du gouvernement pour lutter contre la pénurie des médicaments et des produits de base. Le bureau a notamment dénoncé la politique d’atermoiement adoptée par le gouvernement face aux revendications et à l’application des accords conclus avec la partie syndicale, l’appelant à ce propos, à
assumer ses responsabilités face à toute tension résultant de cette situation.
Tahri : « Un cri d’alarme a été lancé ! »
Les participants à la réunion du bureau exécutif élargi de l’union générale tunisienne du travail (UGTT), ont affirmé mercredi qu’il est du devoir de la centrale syndicale d’agir afin d’aider le pays à surmonter la crise actuelle enregistrée, a annoncé le porte-parole de l’Union Sami Tahri le 21 décembre 2022 dans une déclaration accordée à l’agence « TAP ».
Tahri a ajouté en marge de la réunion du bureau exécutif élargi qu’un cri d’alarme a été lancé face à la détérioration de la situation générale dans le pays.
Selon la même source, les participants à la réunion ont également qualifié les résultats des élections législatives de catastrophiques à cause du faible taux de participation des citoyens à cette échéance électorale. Rappelons que la réunion du bureau exécutif intervient suite à l’annonce faite par le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Tabboubi soulignant que l’union ne restera pas les bras croisés face à cette crise qui ébranle le pays.
Rappelons que le secrétaire général de l’UGTT avait appelé, le 20 décembre 2022, le président de la République, Kais Saied à s’assoir à la table d’un dialogue sérieux et responsable », où il n’y aura pas de place « aux intrus qui s’essayent à la politique aux dépens des vivres des Tunisiens et des capacités du pays. »
Ghada DHAOUADI