Contrairement à ses habitudes lors des précédentes conférences de presse après-matches où il faisait montre de pondération, mesure, circonspection, Nabil Maaloul, ce dimanche, dérogea à sa ligne de conduite. La coordinatrice- média de l’Espérance ST Farida Mahmoudi tenta d’endiguer l’ouragan mais en vain. Du coup, il laissa libre cours à sa rage, à son impuissance à protéger ses poulains, et à sa compassion à l’endroit des sportifs, tous les sportifs. Même le parterre de journalistes présents en prit pour son grade pour sa passivité, son mutisme et son indifférence quant à la programmation des matches en pleine canicule (13h30′) au beau milieu du mois de Ramadan.
J’accuse !
« Nous sommes le seul et unique pays arabo-musulman à contraindre les joueurs à évoluer l’après-midi sous un soleil de plomb, dans des conditions torrides. Tous les stades sont dotés d’éclairage, Radès, Sousse, Sfax, Monastir, ben Guerdane, Beja, pourquoi alors s’entêter à ne point programmer les rencontres en nocturne ? Et que l’on ne vienne pas nous chanter les raisons sécuritaires. Notre police nationale figure parmi les meilleures au monde. Pourquoi les confrontations entrant sous l’égide de la CAF ou l’Union Arabe de Football se jouent-elles en soirée aves des veillées ramadanesques enchanteresses (Sfax, Monastir, Radès) alors que la compétition locale est bradée en diurne dans des conditions climatiques dantesques ?
Nos clubs disposeraient-ils de deux publics, l’un gentille, docile, discipliné pour les matches continentaux et l’autre sauvage, incontrôlable, ravageur quand il s’agit des rencontres locales ? Les décideurs qui tout en se prélassant dans leurs bureaux climatisés décident d’envoyer tous nos joueurs au calvaire ignorent la signification de jouer au Ramadan sous un soleil brulant. Logique du moment qu’ils n’ont jamais chaussé de crampons de leur vie ! Qu’ils daignent consulter les hommes du terrain pour s’en rendre compte. Des joueurs essoufflés, au bord de l’asphyxie, de l’écroulement, globes oculaires enfoncés dans leur orbite, yeux cernés, respirant difficilement. Avec une programmation « inhumaine » de trois rencontres en semaine, bonjour les dégâts, les blessures graves. Vous pensez que nous arrivons à nous entrainer dans ces conditions pour nous améliorer et corriger nos lacunes ? Absolument pas ! Entre deux échéances très rapprochées, juste un léger décrassage le lendemain, une menue séance de remise en condition la veille du match et c’est tout. Comment voulez-vous que le rendement, les automatismes, se perfectionnent avec ce planning ?
Fatalement, le jeu de belle facture s’en ressent et les résultats aussi. Nous ne disposons point de robots mais de jeunes et moins jeunes êtres humains puisant dangereusement dans leurs réserves avec stoïcisme, abnégation, don de soi pour procurer à leurs supporters joies et fierté. Mais il y’a des limites et par trop tier sur la corde elle finit par casser. Un vieil adage me revient en tête : Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise ! Vivement qu’on ne brise pas tous nos footballeurs pas des décisions arbitraires, anachroniques, irréfléchies au-dessus de leurs possibilités, de leurs forces ! »
Médicalement parlant
Il est archi-connu que l’organisme lors de l’effort dépense beaucoup d’énergie (sucre) mais surtout des litres et des litres de sueurs (sudation) particulièrement en pleine canicule. D’où les recommandations de la FIFA d’interrompre le jeu pour permettre aux acteurs, corps arbitral compris, de se désaltérer à la 30 ème minute. Au Ramadan, pareille panacée n’est plus de mise. D’où les risques à gravité croissante allant des crampes banales jusqu’à la mort.
Graves risques en attendant la rupture du jeûne
Autre particularité à mettre en exergue : Les entrainements sont programmés aux heures des matches (13h-13h30′). Le problème est majeur après la fin de la séance entre 15h et la rupture du jeûne. L’organisme puisant de l’eau pour compenser les pertes hydriques et en sels minéraux des réserves intra et extra-cellulaires. Un catabolisme très nocif avec des troubles métaboliques gravissimes pouvant survenir même dans la chambre lors de la récupération.
Les trois étapes liées à la chaleur
1) Les crampes
Les moins sérieux des risques encourus par le fait d’évoluer sous un soleil de plomb et sans apports hydriques massifs compensateurs. Les muscles sollicités se tétanisent suite à la perte des sels minéraux et à la déshydratation. Il faut déplacer le sujet vers un endroit frais et lui donner à boire de l’eau ou une solution salée.
2)L’épuisement lié à la chaleur
Il se manifeste par des signes typiques de fatigue extrême, d’essoufflement, d’étourdissement, de vomissements, d’une peau fraiche et moite ou au contraire chaude et sèche, d’un effondrement de la tension artérielle (hypotension) et d’un pouls rapide et filant (faible). Il faut maintenir le sujet dans un environnement frais les pieds surélevés, lui administrer de l’eau salée s’il est conscient ou le perfuser en cas d’une inconscience.
3) Le coup de chaleur ou URGENCE MEDICALE
Il est caractérisé par une élévation excessive de la température supérieure à 40° c, une absence de sudation, une peau sèche et brulante, une hypertension artérielle, un comportement incohérent et une perte de connaissance, coma. Il doit être immédiatement traité en le plongeant dans un bain d’eau froide, ou à défaut l’envelopper dans un drap humide le temps de le transférer dans une unité de réanimation. Le risque majeur étant la mort ! Voilà à quels périls nos édiles vautrés dans leur cossu fauteuil, de quels bords qu’ils soient, s’amusent à exposer nos sportifs en les envoyant allègrement au purgatoire, au sacrifice irrémédiable de leur jeunesse.
Abou Oussama