Ce qui s’est produit au Lac I devait sans doute être prévu à l’avance. Rien ne sert aujourd’hui de fuir ses responsabilités, parce que ce ne peut pas être « à qui jette le premier la pierre ».
Il faut aussi comprendre le calvaire des immigrés subsahariens. Mais, à l’évidence, le traitement d’une question d’une telle envergure, ne dépend pas des autorités tunisiennes et elles seules. Les immigrés veulent partir en Europe, fuyant la misère vécue dans leurs pays.
Sauf qu’il n’est pas permis à ceux qui ont recouru à la violence, de bafouer les lois du pays.
Par ailleurs, loin d’attiser les feux, le discours du Pape a été perçu comme une méprise, une mystification.
LE HCR ne s’est pas montré diligent dans le traitement des dossiers, et le FTDES en a soulevé le problème.
Comment sortir du cercle vicieux ? La Tunisie doit sans doute changer de stratégie.
Malgré les mesures prises par les autorités et les discours rassurants tenus en faveur des Subsahariens, les actes de violence récents révèlent que la situation demeure préoccupante et qu’il reste encore beaucoup à faire pour résoudre ce problème. En effet, cette « folie furieuse » de certains Subsahariens représente un défi de taille pour les autorités et intrigue les membres de la société civile. Les affrontements qui ont eu lieu, le 11 avril 2023, entre les subsahariens et les forces d’ordre ont été dénoncés par plusieurs organisations. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a vivement condamné ce qui s’est passé, tandis que d’autres acteurs ont appelé à un changement de tactique et à l’adoption de solutions plus radicales, notamment le FTDES.
FTDES : « Le HCR assume une responsabilité dans ce qui s’est produit «
Mounir Hassine, membre du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a indiqué dans une déclaration sur les ondes de la radio « Express FM » que les attaques perpétrées par des migrants africains contre le siège du HCR dans la région des Bergers du Lac reflètent la crise que traverse la Tunisie dans la gestion de la crise migratoire. Et d’ajouter que la Tunisie est devenue un pays de transit et d’accueil pour les migrants.
Dans le même contexte, Hassine a condamné la violence exercée par toutes les parties, qu’il s’agisse de migrants illégaux, de demandeurs d’asile ou de violence perpétrée contre ces derniers.
Il a précisé que les migrants réclament leur évacuation de Tunisie, considérant que l’approche sécuritaire n’a pas réussi à arrêter les flux migratoires, et que le nombre de victimes de la migration a augmenté depuis la déclaration de la présidence de la République en février dernier sur les migrants, lit-on sur le site susmentionné.
Selon la même source, la question de la migration illégale s’est aggravée en Tunisie, et que le gouvernement tunisien doit trouver une solution radicale et faire pression sur l’Union européenne pour accepter ces groupes, surtout que certains sont entrés en Tunisie depuis 2011.
« Il y a une extrême lenteur dans le traitement de ces dossiers, et il y a une discrimination et une sélection de la part des pays européens dans le traitement des dossiers d’asile, et les subventions fournies par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés sont minimes et insuffisantes », selon ses dires.
Il a poursuivi en disant : « L’approche que nous adoptons ne fera qu’aggraver les choses, et la crainte est que la vague de racisme et de haine envers les Africains subsahariens ne s’intensifie et que la Tunisie n’ait pas encore traité la question de manière claire conformément aux principes internationaux des droits de l’homme »
Hassine a appelé à élaborer une politique migratoire claire garantissant la non-répétition de la violence et assurant un traitement humain. Le membre du FTDES a, également, souligné la nécessité de traiter sérieusement ce phénomène et d’élaborer des politiques claires concernant les parties externes, en particulier l’Union européenne, qui doivent prendre en compte la souveraineté nationale, selon ses dires.
Il a appelé la diplomatie tunisienne à engager des négociations dans le cadre de la diplomatie par l’intermédiaire des Nations Unies et à accélérer ce processus, « car la poursuite de la présence des migrants de cette manière conduit à la tension, à plus de problèmes et de violence ».
Mounir Hassine a considéré que le HCR assume une responsabilité dans ce qui s’est produit, car elle dispose des mécanismes fondamentaux pour traiter ces problèmes et doit exercer une pression sur les pays pour trouver des solutions.
Indignation « profonde »!
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé, dans une déclaration publiée mardi soir, son indignation « profonde » suite aux incidents violents qui se sont déroulés mardi matin à Tunis, lorsque certains réfugiés, demandeurs d’asile et migrants subsahariens ont forcé l’entrée à ses locaux, causant des dégâts matériels et entraînant des altercations tendues avec les forces de l’ordre qui se sont intervenues.
Le HCR a appelé à mettre immédiatement fin à toutes les formes de violence et à une désescalade des tensions afin que la situation ne soit pas aggravée pour tous, y compris les réfugiés et les demandeurs d’asile.
» Bien que le HCR comprenne les craintes et les frustrations de ceux qui manifestent et respecte leur droit de manifester pacifiquement, conformément aux lois nationales, nous condamnons les récents incidents survenus dans nos locaux par un groupe de manifestants « , a déclaré Monica Noro, représentante du HCR en Tunisie.
» Nous appelons à la nécessité d’un dialogue permettant d’aboutir à des solutions significatives et pacifiques, comme cela a été proposé à plusieurs reprises depuis le début de la manifestation « , a-t-elle ajouté.
Pour sa part, le Haut-commissariat onusien a réaffirmé son engagement à fournir une protection et une assistance vitale aux personnes déplacées en Tunisie, appelant toutes les parties concernées à s’engager dans un dialogue constructif et à travailler en vue de répondre aux besoins des migrants et de trouver une résolution pacifique à la situation dans les plus brefs délais.
Le ministère de l’Intérieur réagit !
Une plainte a été déposée par la représentante légale du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés le 11 avril 2023 au poste de sécurité national à la rive du lac, pour engager des poursuites pénales contre un certain nombre d’immigrants africains protestant devant le siège du Haut-Commissariat, en raison de leur intrusion armée de pierres, de bâtons, de barres de fer et de bouteilles de gaz, endommageant ses équipements, déracinant 03 portes en fer et enlevant les fils barbelés fixés sur le mur, causant de graves dommages, en plus de harceler et de menacer un certain nombre de ses employés et les empêchant de rejoindre leurs bureaux, lit-on dans un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur le 11 avril 2023.
Les unités de sécurité ont coordonné avec le parquet sur place et ont intervenu pour arrêter l’agression, mais les manifestants ont continué à lancer des pierres et des objets durs sur les forces de sécurité, causant des dommages aux résidences voisines, aux magasins locaux et à un certain nombre de véhicules administratifs et privés, ainsi que des blessures à un certain nombre d’agents de sécurité, a expliqué le ministère susmentionné.
Suite à l’enquête du tribunal de première instance Tunis1, le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête pour tentative d’intrusion dans une installation diplomatique et ses dégâts, agression violente contre un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions, dommages causés à la propriété d’autrui, et la détention du groupe d’assaillants mentionnés, selon la même source.
Il convient de noter que les tentatives d’attaques contre le siège du Haut-Commissariat se sont multipliées récemment et, dans chaque cas, des négociations ont été menées avec les manifestants par les forces de sécurité pour essayer de les calmer, mais leur réaction a souvent été violente, atteignant son apogée lors de l’incident du 11 avril 2023, lit-on encore dans le communiqué.
Ce qui est sûr, c’est que les choses prennent une mauvaise tournure.
Ghada DHAOUADI