La grève générale des employés du secteur privé organisée, aujourd’hui, dans le gouvernorat de Sfax continue, depuis ce matin, à préoccuper l’opinion publique nationale. Considérée, par d’aucuns, comme une démarche d’escalade de la part de l’UGTT, qui intervient dans un contexte de crise tant financière qu’économique, cette grève a suscité maintes réactions, et autant d’interrogations, notamment autour de son timing, ses enjeux et ses répercussions, notamment sur le plan social.
Les grévistes se sont rassemblés en sit-in devant le siège de l’Union régionale tunisienne du travail à Sfax, pour exprimer leur mécontentement face à la détérioration de leur pouvoir d’achat et revendiquer l’amélioration de leurs conditions sociales. Ils ont appelé, par la même occasion, à reprendre les négociations, entamées en mars 2020.
Après Sfax, l’effet domino ?
« En cas d’absence de dialogue social à même de répondre aux revendications des employés, une série de grèves sera organisée dans les autres gouvernorats », a menacé Hfaïedh Hfaïedh, Secrétaire général adjoint de l’UGTT.
« Si les négociations restent bloquées, le corps syndical n’aura plus le choix que de recourir à différents mouvements de protestation », insiste Hfaïedh.
Le responsable syndical a rappelé que l’accord, conclu en 2018 entre l’UGTT et l’UTICA, prévoyait le lancement des négociations sociales, en avril 2020, pour augmenter les salaires et réviser les échelles salariales et les promotions, en fonction de l’avancement dans la carrière professionnelle.
D’après Hfaïedh, des préavis de grève avaient été déposés dans 174 entreprises et ce depuis le mois de septembre dernier. Seulement 25 patrons ont finalement accepté de signer des accords salariaux au cours des dernières semaines.
« L’UGTT a accepté le report des négociations à 2021 en raison de la pandémie du coronavirus, mais les patrons n’ont pas tenu leurs engagements », a-t-il ajouté.
Rappelons, dans la foulée, que l’UTICA a fait part de son étonnement quant à l’appel à la grève, lancé par l’Union régionale du travail de Sfax.
D’après le communiqué de l’UTICA, cet appel à la grève, qui concerne plus de 170 entreprises de production à Sfax, « ne tient pas compte de la situation générale que traverse actuellement le pays ».
Au-delà de toute spéculation, la question qui se pose est la suivante : Jusqu’où iraient l’UGTT et l’UTICA dans cette escalade, pourtant évitable, notamment dans ce contexte, qualifié d’« exceptionnel » ?
Linda Megdiche