Il y a 75 ans, le monde a été témoin d’un déplacement forcé de 800 000 Palestiniens de leur terre et de leurs propres foyers, de terribles massacres commis contre des milliers de palestiniens et palestiniennes, de la destruction d’environ 531 villes et villages, de l’enlèvement de 56% de la terre Palestinienne et de la falsification explicite et systématique de l’histoire menée par l’entité sioniste qui a commencé immédiatement à changer les noms des rues, des sites et des monuments palestiniens.
Cette expulsion massive, qui est l’un des événements les plus horribles de l’histoire, n’a pas empêché les Palestiniens de s’attacher leur droit au retour. Certains d’entre eux ont gardé les clés de leurs maisons abandonnées et les portent jusqu’à présent en pendentifs et colliers, d’autres tiennent à sauvegarder tous les détails des histoires sur les habitudes, les souvenirs et les traditions pour que l’appartenance à la patrie soit héritée et transmise de génération en génération.
La Nakba, fidèle à son nom : la grande catastrophe, ne consiste pas seulement à tout ce qui s’est passé durant la période allant de 1947 jusqu’au 15 mai 1948, mais elle inclut aussi tous les crimes qui se poursuivent jusqu’à présent. Des crimes d’apartheid, des violations des dispositions du droit international et des droits humains, des politiques injustes et racistes, démolition de maisons et des mesures discriminatoires sont toujours signalés par tout dans le monde par diverses organisations de défense des droits de l’homme.
Dans un rapport intitulé « L’apartheid israélien envers le peuple palestinien : Retour sur plusieurs décennies d’oppression et de domination Amnesty International », Amnesty International a considéré que les gouvernements qui se sont succédé depuis l’apparition de l‘occupant israélien en 1948 ont mis en place tout un système composé de « lois, de politiques et de pratiques conçues pour opprimer et dominer les palestiniens et palestiniennes » en soulignant que ce système « fonctionne de différentes manières et dans les différentes zones où l’occupation contrôle l’exercice des droits des palestiniens et palestiniennes » et en mentionnant que « l’intention est toujours la même : privilégier la population israélienne par rapport à la population palestinienne ».
Amnesty a également noté que pour concrétiser ce système, qualifié de « système israélien d’oppression et de domination des palestiniens », les autorités de l’occupation israélienne s’appuient sur les quatre stratégies principales suivantes : « La fragmentation en domaines de contrôle, traduite par le fait de maintenir les palestiniens et palestiniennes séparés les uns des autres dans des sphères territoriales, juridiques et administratives distinctes est au cœur du système » ; « la dépossession de terres et de biens basée pendant des décennies sur des pratiques discriminatoires consistant à saisir des terres et des biens, démolir des logements et procéder à des expulsions forcées » ; « ségrégation et contrôle à travers un système de lois et de politiques qui confinent les palestiniens et palestiniennes dans des enclaves, les soumettent à diverses mesures de contrôle de leur vie, et les séparent de la population juive israélienne » et « la privation des droits économiques et sociaux qui passe par la paupérisation délibérée des palestiniens et palestiniennes fait qu’ils sont très défavorisés par rapport à la population israélienne ».
En France, la LDH a participé, dimanche 14 mai, à un évènement qui a eu lieu à la Marbrerie à Montreuil sous le titre : « Justice pour la Palestine, Se souvenir de la Nakba ( 1948-2023 ). Dans le même contexte, un rassemblement devant le consulat, suivi d’une marche, a eu lieu dimanche dernier ( le 14 mai ) à Montréal. Les participants et participantes à cette marche organisée par le mouvement des jeunes palestiniens à Montréal ont exigé la cessation de ce qui a été qualifié de « colonisation et agressions sionistes » et ont également scandé des slogans appelant à la pleine libération de la Palestine et au droit au retour.
Pour sa part, l’Organisation des Nations Unies a décidé, pour la première fois depuis 1948, de commémorer la Nakba, et ce, en organisant un événement commémoratif de haut niveau dans la salle de l’Assemblée générale et une réunion spéciale dans la salle de conférence 4, ce lundi, le 15 mai 2023. En fait, cette décision a été prise en novembre 2022 après l’adoption d’une résolution proposée par la délégation palestinienne.
90 Etats avaient soutenu cette proposition palestinienne, dont la Tunisie, la Jordanie, le Sénégal, le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis, l’Égypte et le Bahreïn. En contrepartie, l’Italie, les Etats-Unis, l’Autriche, le Canada, la République tchèque, la Bulgarie, la Roumanie, l’Allemagne et l’Angleterre ont voté contre.
Rym CHAABANI