A Gabès, au moins 15 tortues marines ont été retrouvées mortes récemment sur fond d’une grave crise écologique qui persiste depuis plusieurs années. Hasard du calendrier : quelques jours après la célébration de la Journée mondiale de la tortue marine, l’activiste écologiste et membre de la campagne « Stop Pollution », Khayreddine Debaya, a publié des photos montrant un certain nombre de tortues marines retrouvées mortes sur les plages de Chatt Essalem et Ghanouch à Gabès. Après avoir effectué différentes visites de terrain, il a publié, en outre, des vidéos filmant les témoignages de certains pêcheurs et gens de mer qui ont raconté leur souffrance causée par la pollution industrielle répandue dans la mer, qui représente à son tour la source de leur subsistance et existence.
Lors d’une déclaration accordée au Temps News, Khayreddine Debaya a noté que d’après ce qui a été observé et constaté lors des visites de terrain rendues dans les plages limitrophes de la zone industrielle de Gabès et selon les témoignages des marins et l’une des associations d’observation des tortues mortes, il s’agit de la mort de plus de 15 tortues marines à Gabès au bout d’une semaine.
« Ce phénomène récurrent et persistant n’est rien d’autre qu’une conséquence de la pollution industrielle dont souffre la région depuis 51 ans », a-t-il souligné.
Dans un communiqué datant du 16 juin courant, le ministère de la Santé a annoncé que 71% des eaux de baignade des plages tunisiennes sont de bonne et de très bonne qualité alors que 29 plages (situées aux gouvernorats de : Tunis, Ben Arous, Sousse, Bizerte et Gabès) sont impropres à la baignade. S’agissant du gouvernorat de Gabès, la même source ministérielle indique qu’il s’agit des plages suivantes : la rive droite du canal de la ville de Gabès, la plage Essalam – Gabès ville et l’ancien point du déversement d’Oued El Kdim à Gabès ville.
En revanche, le communiqué publié le 09 juin 2022 par le ministère de la santé en ce concerne la qualité des eaux de baignade des plages tunisiennes indiquait que les plages interdites et impropres à la baignade à l’époque à Gabès étaient comme suit : la plage Essalem- Gabès ville, en face de la décharge d’Oued El Kdim à Gabès ville, la plage cirta et la plage Oued Ettine à Ghannouch .
À cet égard, notre interlocuteur a remis en question les critères selon lesquels les autorités compétentes et les différentes parties prenantes évaluent et sélectionnent les plages comme propres ou impropres à la baignade et a également mentionné qu’il s’agit de toute une zone marine comprenant un taux élevé d’acide sulfurique ( eau à pH 5 ) à Gabès et non pas uniquement de 3 plages au gouvernerat.
Il convient de noter, dans ce contexte, qu’un rapport financé par l’Union Européenne, mené par « Particip Gmbh » et « ETI Consulting » sur l’impact de la pollution industrielle sur l’économie de la région de Gabès et publié en 2018, indique que la dégradation de la pollution marine observée dans le Golf de Gabès est principalement causée par « la pression des activités industrielles chimiques et particulièrement ceux qui sont inhérentes au complexe chimique tunisien, et d’un degré moindre des unités connexes. Selon la même source, les zones au voisinage de l’usine du Groupe Chimique ( GCT ) à Gabès restent « fortement affectées par le rejet de phosphogypse et de fluor et que « le déversement des rejets ( riches en métaux lourds) en mer, qui est d’environ 5 millions de tonnes de phosphogypse , depuis 30 années, contribue fondamentalement à rendre la situation environnementale au Golf de Gabès préoccupante et dégradée ».
Rym CHAABANI