La tension à Sfax est en constante augmentation ces dernières heures. Les affrontements entre les habitants et les migrants subsahariens ont été le déclencheur d’une situation déjà explosive. En plus de la crise des déchets qui sévit depuis plusieurs mois sans qu’une solution radicale ne soit trouvée, les récents actes de violence perpétrés cette semaine ont ajouté à la détérioration de la situation. Il est légitime de se demander ce qui se passe à Sfax et pourquoi cette ville, qui est l’un des principaux pôles économiques du pays, semble subir une accumulation de malheurs. Les problèmes rencontrés à Sfax dépassent les frontières de la ville et ont un impact sur l’ensemble du pays. C’est pourquoi plusieurs parties, y compris l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), ont appelé à protéger Sfax.
En effet, les affrontements à Sfax entre habitants et migrants subsahariens ont dominé le débat au démarrage de la séance plénière tenue, le 5 juillet 2023 au siège de l’Assemblée des représentants du peuple, pour examiner le projet de loi relatif à la création de l’agence nationale des médicaments. De nombreux députés ont mis en garde contre la hausse du nombre de migrants irréguliers subsahariens entrants en Tunisie estimant que cette situation menace la sécurité nationale. Des députés se sont interrogés sur la prolifération de la tuberculose chez quelques migrants exprimant leur crainte de voir cette maladie se propager parmi les Tunisiens, a rapporté l’agence TAP.
Dans le même contexte, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Ibrahim Bouderbala, a appelé, lors de la plénière de ce mercredi 5 juillet 2023, le président de la République, Kais Saïed, à intervenir pour protéger Sfax, suite aux évènements qui se sont produits dans la ville, en lien avec le problème des migrants subsahariens, lit-on sur le site de « Mosaïque FM ». « Notre pays traverse un contexte exceptionnel (…) Je veux dire, au nom de tous les députés, qu’on est tous solidaires avec nos citoyens à Sfax et on appelle le chef de l’État à prendre les mesures nécessaires pour protéger la sécurité de la ville », a notamment indiqué Bouderbala.
Saied : » La Tunisie n’accepte le séjour sur son territoire que selon ses propres lois »
Pour sa part, le président de la République Kais Saied s’est réuni mardi, au siège du ministère de l’Intérieur, avec le ministre Kamel Feki et plusieurs cadres sécuritaires. La situation sécuritaire à Sfax suite aux « actes criminels » survenus dans la ville a été au centre de l’entretien. Saied a tenu à réaffirmer que la Tunisie n’accepte le séjour sur son territoire que selon ses propres lois et refuse d’être une terre de transit ou d’installation des ressortissants subsahariens. Et d’ajouter, la Tunisie est déterminée à ne surveiller que ses propres frontières.
Cité dans un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’Etat a une fois de plus évoqué l’existence de « réseaux criminels qu’il incombe à l’Etat de démanteler », soulignant la présence de nombreuses preuves qui confirment que cette situation est « anormale ». Le président Saïed s’est, en outre, demandé comment ces migrants, qui viennent en Tunisie après avoir parcouru des milliers de kilomètres, se dirigent-ils vers une ville ou un quartier en question. Est-ce qu’ils connaissent déjà ces villes et ces quartiers lorsqu’ils sont encore dans leurs pays respectifs ? Sont-ils des migrants ou des déplacés manipulés par des groupes criminels qui exploitent leur misère et visent la paix civile en Tunisie ?
Dans le même contexte, le président de la République a appelé à la nécessité d’imposer le respect de la loi à ceux qui exploitent ces personnes vulnérables en Tunisie. Selon Saied, « la location de logements aux étrangers exige d’en informer les autorités policières » compétentes et que « l’emploi des étrangers est également soumis à la législation tunisienne ». Il n’y a pas de place dans les institutions de l’Etat pour ceux qui cherchent à les démanteler et à porter atteinte à la sécurité nationale. Il n’y a pas non plus lieu d’être indulgents envers ceux qui fomentent les tensions et agissent dans l’ombre. ù
Les lobbies n’ont pas de place dans les institutions de l’Etat, et ceux qui les servent n’y ont pas leur place non plus, a martelé Saied.
Une délégation de hauts cadres sécuritaires dépêchée dans la région
De son coté, le directeur général de la sûreté nationale et le directeur général, commandant le la Garde nationale se sont rendus mardi à Sfax accompagnés de hauts cadres sécuritaires pour suivre de près les développements dans la région suite au meurtre d’un habitant lors d’affrontements entre des habitants et des migrants subsahariens, lit-on sur le site de l’agence TAP.
Plus tôt dans la journée, le ministère public auprès du tribunal de première instance de Sfax 1 a ordonné l’arrestation de trois migrants subsahariens suspectés d’implication dans ce meurtre survenu dans la nuit de lundi à mardi. Un quatrième suspect est recherché dans le cadre de la même affaire.
Rappelons que, le drame a eu lieu près de la route de Mahdia km10 à Sakiet Eddaier après la reprise des affrontements entre des habitants du quartier Sakiet Eddaier et des migrants subsahariens. Une enquête a été ouverte pour homicide volontaire avec préméditation, conformément aux articles 201 et 202 du code pénal. Le parquet avait ordonné, lundi, de placer en garde à vue 34 migrants subsahariens pour entrée illégale sur le territoire tunisien et séjour irrégulier, suite aux actes de violence perpétrés, dimanche soir dans la ville de Sfax, entre des habitants des quartiers populaires et des migrants subsahariens.
Ghada DHAOUADI