Le stade municipal de Nabeul était hier plein de monde venu voir Ochak Nouba et Nour Chiba, à l’occasion de l’ouverture du festival international de Nabeul . Un spectacle coloré et inédit composé de chants et de danses qui a essayé de réinscrire le patrimoine dans la perspective d’un show soufi original. La scène artistique tunisienne en a bien besoin pour se renouveler et rompre avec le ronron habituel.
Car si la monotonie est le pire ennemi de la création. Ouchak Nouba est une nouvelle écriture scénique avec une nouvelle mise en scène et distribution musicale de Wajdi Guellai et une production de Lotfi Riahi . Ce dernier n’a rien inventé mais il a mis ce patrimoine au goût du jour à savoir des textes qui racontent le vécu, les qualités morales et spirituelles de chaque confrérie. C’est une nouvelle conception, un nouveau concept, une autre ambiance. Le spectacle était séduisant . Les deux chanteurs Houssem Ben Khlifa et Mondher Minou ont fait vibrer le stade au son d’instruments traditionnels auxquels Wajdi a cru bon d’inclure la guitare et même le piano, interprétés par des voix féminines .
Leurs voix et leurs mots ressemblaient parfois à des sons tirés d’instruments plutôt qu’à des sons produits par la parole. Les chants enivrants des deux chanteurs viennent s’ajouter aux instruments. La communion est immédiate avec le public. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort. Tous ces tubes font bouger l’assistance avec ovations et applaudissements du public. Chanteurs, chorégraphes et musiciens y mettaient toute leur énergie et toute leur sensibilité.. Aussi, était-ce avec une aisance et un entrain remarquables qu’ils ont gratifié l’assistance de ce grand succès.
Toujours content de rencontrer son large public , venu spécialement pour savourer ses chansons , Nour Chiba a assuré la deuxième moitié du spectacle . Il a vraiment laissé une grande impression chez beaucoup de ses fans qui sont venus d’autres villes du pays pour le voir. On a eu droit à une ambiance très festive où presque toute l’assistance chantait en chœur ses succès . c’est la voix de Nour qui a frôlé la perfection. Sa sensibilité et son amour pour la musique traditionnelle tunisienne font de lui, depuis des années, un chanteur hors pair dont les possibilités vocales et techniques ont fait sa renommée à travers tout le pays. Nour a envoûté son public, majoritairement féminin .. Ce dernier n’a pas manqué d’exprimer sa joie et son honneur d’être devant un beau public qui lui fait honneur. «Je suis très ému et heureux d’être devant vous. C’est un plaisir partagé», renchérit Nour qui a ravi son grand public avec ses rythmes, sons et paroles tirées de son riche répertoire musical, usant des rythmes et des instruments orientaux combinés aux rythmes (pop et autres) et instruments occidentaux. Ce grand maître enchanteur nous a présenté un répertoire riche, dont la musique allie puissance et légèreté. Ses interprétations étaient plaintives et fortes, aptes à faire passer leur message à la perfection. Il a essayé de mettre à chaque morceau, du cœur et de l’énergie et de multiplier ses performances en interprétant des chansons issues du tourath dont « Yama Yaghalia » « Rim El Ghizlane »et « Hiz Ayounek » Un mélange de sons et de rythmes. Il enchanta encore davantage le public surtout lorsqu’il interpréta ses succès «Ya baba Ali » et « Moula El Oukaz ».
Sur scène et en osmose avec l’assistance toujours aussi nombreuse, Nour interprète bien d’autres chansons avec, à chaque fois, leur reprise en chœur par un public maîtrisant presque par cœur les textes et la mélodie. Un public de surcroît à la hauteur des attentes de l’homme de la soirée, qui connaissait par cœur, les chansons de Nour et ne cessa pas tout au long du concert de lui donner la mesure. Pratiquement à chaque chanson, Nour fait chavirer les cœurs. Nour a pleuré ce soir lorsqu’il interpréta son succés « Ya Baba » ,un hommage à son père. Il chantait et dansait ce soir, avec bonheur et légèreté. Sa belle voix lui donne un charme particulier. Ses fans demandaient plus de rythme. Des cris d’admiration fusent d’un peu partout. Sans arrêter, il réussit à mettre le feu en interprétant ses derniers succès « Ya Mezri » « Mise à jour » et « Marth Al Hawa » qui ont été repris en chœur. Au fur et à mesure que les minutes s’égrènent et les rythmes varient, l’ambiance monte d’un cran. Nour reprend ses anciens succès, labourant la scène, faisant participer son public, le micro tendu dans tous les sens devant le regard de ses admirateurs, les poussant à se déhancher et à créer une ambiance exceptionnelle.
Kamel BOUAOUINA
Photos Rached Berrazaga