Les élèves sont les premiers à souffrir des conséquences de la situation actuelle qui implique à la fois des déclarations rassurantes du ministère de l’Éducation, des revendications du syndicat de l’enseignement secondaire et des négociations qui s’éternisent. Le 15 mai 2023, le ministre de l’Education Mohamed Ali Boughdiri a lancé un appel à remettre les notes, mais cette déclaration a ouvert la porte à différentes interprétations.
Boughdiri a précisé le même jour que l’appel du ministère de l’Éducation à remettre les notes et à les appliquer en tant que règle de travail n’était pas une menace contre eux, mais visait à rassurer toutes les composantes du peuple tunisien quant à la réussite de l’année scolaire.
Dans une interview diffusée sur la première chaîne nationale lors du journal télévisé de 20 heures, il a ajouté que le ministère avait répondu à toutes les demandes légitimes des enseignants, dont une grande partie était en suspens depuis plus de 5 ans.
Dans le même contexte, Boughdiri a confirmé que le ministère, en coordination avec la présidence du gouvernement et le ministère des Finances, avait mis fin à l’emploi précaire, soulignant que le gouvernement avait proposé une solution pour la situation des enseignants et des professeurs adjoints sur la base d’un programme de formation qui renforcerait leurs capacités. Et d’ajouter que l’appel aux enseignants à remettre les notes pour les deux premiers trimestres intervenait trois semaines avant la date des examens nationaux.
“Responsabilité nationale, éducative et administrative”…
A noter que le ministère de l’éducation a appelé, le 15 mai 2023, les enseignants à assumer leur responsabilité nationale, éducative et administrative, et à remettre les notes des élèves à l’administration conformément aux délais requis dans les circulaires publiées par le ministère. Le ministère a rassuré les familles tunisiennes et la famille éducative concernant l’année scolaire en cours, et a réitéré son engagement visant à réussir cette année dans les meilleures conditions.
La décision de remise des notes a pour objectif d’assurer un succès de la fin de l’année scolaire et garantir l’intérêt suprême des enseignants et des élèves ainsi que tous les employés des établissements éducatifs publics, a ajouté la même source. Dans le cadre des réunions tenues entre le syndicat et le représentant du gouvernement pour examiner les revendications des fédérations de l’enseignement de base et secondaire relevant de l’UGTT, le ministère a précisé que les propositions de la partie gouvernementale ont concerné la régularisation des différents points proposés et, notamment, mettre fin à toute forme de travail précaire selon une nouvelle approche de régularisation de la situation et de recrutement. Toutes les revendications en suspens depuis 2019 ont été satisfaites, a noté le ministère. L’engagement de la part du ministère à poursuivre les négociations concernant les nouveaux points évoqués relatifs aux secteurs de l’enseignement de base et secondaire afin d’améliorer les conditions des enseignants. Les séances de négociations tenues en présence des représentants du partenaire social de l’Union générale tunisienne du travail et des cadres de la présidence du gouvernement, des ministères des finances et de l’éducation ont permis d’examiner les différentes revendications des secteurs de l’enseignement de base et secondaire. La partie gouvernementale s’est engagée lors de ces séances à examiner les revendications financières et à améliorer les conditions de travail afin de préserver la sécurité et la dignité des employés. Les moyens de promouvoir les prestations sociales au profit du cadre éducatif conformément à la nature de la profession d’enseignement seront également examinés. Les négociations se poursuivront dans le cadre de commissions entre les ministères concernés d’une part et les fédérations générales de l’enseignement de base et secondaire et le bureau exécutif de l’UGTT d’autre part selon un calendrier déterminé et dont les travaux démarreront fin du mois d’août 2023 et s’achèveront fin de l’année en cours. Les résultats des négociations seront appliqués à partir de l’année 2024, a noté la même source.
Le parti syndical est prêt à faire des concessions à condition …
Le secrétaire général du syndicat de l’Enseignement secondaire, Lassaad Yaacoubi, a confirmé que la décision de bloquer les notes a été prise avec précaution et s’est limitée à l’administration, tout en permettant aux élèves et aux parents d’accéder aux notes. Il a souligné que depuis le début de l’année scolaire, il avait averti quant à l’ampleur de son impact avec le temps, soulignant l’importance de s’asseoir à la table des négociations et de trouver une solution avec la présidence du gouvernement et le ministère de l’Éducation loin des pressions, selon ses dires.
Yaacoubi a indiqué, dans une déclaration accordée à “Jawhara FM” le 15 mai 2023, que le parti syndical n’avait pas exigé d’accords instantanés en raison de la situation financière publique difficile, mais a demandé la conclusion d’un accord stratégique conformément aux moyens à moyen et long terme pour répondre aux aspirations des enseignants. En ce qui concerne la réussite automatique (sans examen), Yaacoubi a souligné qu’elle n’avait pas sa place dans les examens du baccalauréat ou autres, soulignant la nécessité de parvenir à une solution avec le ministère de l’Éducation nationale où ni le syndicat ni le gouvernement ne sortiront perdants. Il a ajouté : « Si nous échouons dans les négociations, l’opinion publique ne pardonnera ni au syndicat ni au gouvernement”, lit-on sur le site de la radio susmentionnée.
D’après Yaacoubi, l’augmentation des salaires, la multiplication des allocations spéciales et le paiement des arriérés financiers depuis les accords de 2019 faisaient partie des demandes des enseignants, ainsi que d’autres demandes relatives aux recrutements et aux enseignants remplaçants. Il a souligné que le parti syndical était prêt à faire des concessions à condition qu’un accord soit conclu et qu’il n’y ait pas d’hypothèses autres que la recherche d’une solution tout en qualifiant cela de “devoir”.
Ghada DHAOUADI