En Tunisie, faire des études au supérieur n’est plus synonyme d’ascenseur social, sur fond d’une crise désormais chronique de l’emploi, aiguillonnée par la crise économique, avec un taux de chômage dans les rangs des diplômés qui atteint des proportions pour le moins que l’on puisse dire phénoménales. Une situation qui prouve, notamment, l’échec de tout un système éducatif, complètement désuet, et qui a montré toutes ses limites. Dans ce contexte, la formation professionnelle suscite un intérêt croissant chez les jeunes. Que ce soit en Tunisie ou à l’étranger, cette alternative, qui ouvre les portes du marché de l’emploi, est de plus en plus envisagée. De leurs cotés, les autorités ont récemment pris conscience de l’importance cruciale de ce secteur. Des mesures ont été mises en place pour encourager et développer ce secteur vital, offrant ainsi une lueur d’espoir à ceux qui se sont engagés sur cette voie. Tour d’horizon.
En réponse à la demande internationale croissante en compétences tunisiennes spécialisées et à la lumière des nouvelles exigences du marché de l’emploi tunisien, le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle a décidé de se mobiliser pour s’aligner sur les aspirations des jeunes chômeurs. Depuis quelques semaines, les mesures en faveur de la formation professionnelle ont inclus spécifiquement la formation en tant qu’aide-soignant. La suspension de la formation en aide-soignant dans les institutions privées de formation professionnelle a provoqué une vague de mécontentement de plusieurs jeunes, pour qui ces instituts représentent leur dernier et unique moyen de réaliser leurs rêves, à savoir quitter un pays frappé en plein fouet par une grave crise socio-économique et par une explosion des chiffres de chômage.
Les aides-soignants ont la côte
Récemment, le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle a pris position sur cette décision . « Le ministère a décidé de réexaminer la décision de suspension temporaire de la formation en aide- soignant dans les institutions privées de formation professionnelle », a fait savoir mercredi Abdelkader Jammali, chef de cabinet du ministre de la Santé, lit-on dans un communiqué rendu public le 22 juin 2023. Dans le même contexte, Jammali a souligné l’importance de la révision de cette décision, prise conjointement en 2011 par les ministères de la santé et de la formation professionnelle et de l’emploi, dans la satisfaction des nouveaux besoins du marché de l’emploi.
Et d’ajouter que le responsable a indiqué que le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle et le ministère de la santé veillent à la l’organisation de cette formation selon des normes et des critères techniques et pédagogiques exigées signalant qu’entre 900 et 1500 jeunes sont diplômés des institutions privées de la formation par an, et 400 sont diplômés des institutions publiques et ce, dans différentes spécialités et niveaux de formation. Selon la même source, « ces chiffres ne couvrent plus les besoins du marché de l’emploi aux niveaux national et international dans le domaine paramédical », a-t-il estimé saluant la contribution effective des établissements hospitaliers, de santé, des laboratoires publics et privés dans la garantie de la formation en alternance dans le cadre d’accords de partenariat qui facilitent l’acquisition de connaissances pratiques professionnelles pour renforcer les compétences.
Jammali a souligné le rôle important du système de formation professionnelle qui assure des formations certifiées de qualité, dans le domaine paramédical, permettant aux diplômés de renforcer leur employabilité.
Procédures simplifiées
De son côté, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a publié, le 30 juin 2023, un circulaire aux Intermédiaires agrées n° 2023-03, du 30 juin 2023, portant sur le transfert au titre de frais afférents à la formation professionnelle à l’étranger. L’objectif est de simplifier la procédure de domiciliation de dossiers à titre de formation professionnelle à l’étranger auprès des intermédiaires agréés.
« A compter du 30 juin 2023, les attestations relatives au bénéfice ou pas d’une bourse sont désormais remplacées par une déclaration sur l’honneur certifiant que le bénéficiaire n’est pas titulaire d’un autre dossier de transfert au titre de la période de formation concernée » , lit-on dans le circulaire susmentionné. L’attestation de non-objection à poursuivre une formation professionnelle à l’étranger a été supprimée « , selon la BCT. Les autres conditions, comme stipulées dans la circulaire n°2007-09 du 12/04/2007, restent inchangées.
Dans le même contexte, la BCT a expliqué que « dorénavant il est permis de régler les frais d’inscription et de formation au profit d’entités dûment mandatées par les établissements de formation étrangers ». « Cette décision donne suite à celle du ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle de supprimer l’attestation de non-objection à poursuivre une formation professionnelle à l’étranger et de l’attestation de non-boursier (certifiant que la personne désirant poursuivre une formation à l’étranger n’est pas bénéficiaire de bourse) ou en cas de bénéfice d’une bourse, une attestation précisant son montant ».
A noter que d’après le guide « La formation professionnelle en chiffres (2018) » de la Direction Générale de l’Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications (ONEQ) publié en juillet 2020 par le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, qu’ au 31 décembre 2018, l’effectif en cours de formation professionnelle s’élève à 94 826 dont 74 779 sont inscrits dans le dispositif public et 20 047 dans le dispositif privé. Et d’ajouter que la majorité (95.13%) des inscrits dans le dispositif de formation public poursuit sa formation dans des centres qui relèvent de l’Agence Tunisienne de la Formation Professionnelle. 55% des inscrits en formation dans le dispositif privé poursuivent une formation sanctionnée par
un diplôme homologué, selon la même source.
Pour sa part, l’Agence Tunisienne de la Formation Professionnelle dispose d’un réseau de 136 Etablissement de Formation répartis sur tout le territoire et qui couvrent plus que 400 spécialités dans 12 secteurs économiques ; 49Centres sectoriels de formation, 61 Centres de formation et d’apprentissage, 14 Centres de la jeune fille rurale et 13 Centres de formation aux métiers de l’artisanat, d’après son site officiel.
Ghada DHAOUADI