La mobilisation des enseignants suppléants du secondaire se durcit. Ces enseignants qui travaillent dans des conditions très précaires depuis de longues années prévoient désormais de décréter un boycott ouvert des cours après les vacances d’hiver et de manifester devant le Palais présidentiel pour réclamer la régularisation de leur situation.
« Les professeurs suppléants ont choisi de mettre fin provisoirement au mouvement du boycott des cours entamées le 20 novembre dernier pour assurer la réussite des examens du premier trimestre, et ne pas prendre en otage élèves et aux parents, mais cela ne signifie en aucun cas que qu’ils baissent les bras », a déclaré le président de la coordination nationale des professeurs suppléants, Malek Ayari.
« Un boycott des cours ouvert sera entamé après les vacances d’hiver si le ministère ne répond pas positivement d’ici là à nos revendications légitimes. Une manifestation est également prévue devant le Palais présidentiel de Carthage à partir du 2 janvier prochain pour sensibiliser le président Kaïs Saied et éclairer sa lanterne sur l’injustice que subissent près de 10.000 enseignants », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Nous n’avons plus rien à craindre…Nous sommes à bout de patience et s’ils veulent nous radier, nous somme prêts à accepter ce sacrifice »
Le responsable syndical a également dénoncé des « intimidations » de la part des commissariats régionaux de l’enseignement qui « exercent des pressions sur les enseignants suppléants opposés à la signature des contrats de neuf mois et demi proposés par le ministère.
« Nous nous sommes attendus à des contrats qui garantissent le strict minimum de ce qui a été convenu en mai dernier avec le ministère de tutelle, à savoir des contrats d’une durée de 12 mois qui garantissent une majoration des salaires et une couverture sociale. Mais nous avons été surpris par des contrats d’une durée de neuf mois et demi et qui nous ne donnent aucun droit à la couverture sociale et ne font pas mention d’une revalorisation des salaires », a-t-il déploré.
54% des suppléants sont âgés de plus de 45 ans
La coordination nationale des enseignants suppléants plaide par ailleurs pour l’élaboration d’une deuxième base de données regroupant les suppléants ayant exercé entre septembre 2016 et juin 2023, en plus de celle couvrant la période allant de septembre 2008 à juin 2016.
« La galère des enseignants suppléants des enseignants du secondaire dure depuis 2008. Alors que l’inflation a atteint des sommets, ces enseignants ne touchent qu’une indemnité mensuelle de 750 dinars, dont 150 dinars sont prélevés chaque mois à titre de cotisations sociales », a révélé M. Ayari
Il a fait savoir d’autre part qu’environ 14% de ces enseignants sont aujourd’hui âgés de plus de 50 ans et 40% ont dépassé 45 ans, notant que ces derniers se trouvent encore obligés d’emprunter de l’argent à des proches pour subvenir aux besoins de leurs familles ou se faire soigner. Raison pour laquelle la coordination souligne la nécessité de l’adoption du critère de la bonification en fonction de l’âge en ce qui concerne la régularisation de la situation des enseignants suppléants, la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble des enseignants temporaires et le versement des salaires échus et non payés.
Le nombre des professeurs suppléants s’élève aujourd’hui à environ 9 500 enseignants, dont un grand nombre a bouclé plus de dix ans d’exercice dans différents établissements d’enseignement secondaire du pays. Outre la précarité de l’emploi, une bonne partie de ces enseignants sont privés de couverture sociale malgré les prélèvements effectués sur leurs émoluments au profit de la Caisse nationale de retraite de prévoyance sociale (CNRPS).
Le ministère de l’Education a appelé, mercredi les instituteurs et les professeurs suppléants à rejoindre les délégations régionales dont ils relèvent, pour signer des contrats dans leur nouvelle formule, qui prévoient une majoration de leur salaire de 500 dinars à compter de septembre 2023 (de 750 dinars à 1250 dinars).
Les autorités de tutelle ont jusque-là motivé la non-application des accords conclus avec les
Syndicats de l’enseignement sur le recrutement des enseignants suppléants par les fortes pressions qui pèsent sur les finances publiques et l’engagement du gouvernement à réduire les effectifs de la fonction publique et à geler les recrutements pour répondre aux exigences des bailleurs des fonds relatives à la réduction de la masse salariale du secteur public.
Walid KHEFIFI