Par Raouf KHALSI
Oui, la culture représente un pan de la « souveraineté nationale ». Pour cette raison, elle doit être revalorisée et recouvrer « la place qui lui Sied ».
André Malraux disait : « La culture nous apparaît d’abord comme la connaissance de ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers ». Albert Camus réplique : « Sans la culture, et la liberté relative qu’elle suppose, la société, même parfaite, n’est qu’une jungle. C’est pourquoi toute création authentique est un don à l’avenir ».
Dans quel état se trouve donc, aujourd’hui, la culture dans le pays ? Les femmes et les hommes de culture réclament plus de liberté, liberté de penser (ce que prône Saïed), mais aussi la liberté de s’exprimer. Mais il y a un paradoxe. A savoir que, lorsque l’Etat lâche du lest et appelle au foisonnement des œuvres, la culture, chez nous, se cambre.
A l’inverse, lorsque l’Etat (comme sous l’ancien régime) brandit l’épée de Damoclès la culture trouve les moyens de s’exprimer. C’est la dialectique. Paradoxe, mais aussi dialectique.
Pour autant, il faut bien avouer qu’il n’y a toujours pas de juste mesure. On confond entre culture et cultures. On se suffit même aux manifestations d’arène (les festivals) dans une inévitable confusion des genres. C’est là que, tout autant que le football, la culture devient l’opium du peuple, là où se meut une purgation des passions comme dirait Aristote. Or, c’est encore Albert Camus qui parle : « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude ».
Cela fait qu’une culture dissociée de son propre patrimoine ne sert plus qu’à une consommation éphémère.
Dans ce contexte, le ministère de la culture a un rôle fondamental à jouer. Sous doute, le budget alloué à ce département est-il contraignant en ce contexte de difficultés que connaissent les finances publiques. Peu de subventions pour des œuvres culturelles de premier plan, même si la part du lion est allouée aux festivals et aux « Journées », là ou un certain « art » peut trahir la culture elle-même.
Maintenant, pour que la culture ne reste pas figée dans la mémoire collective, il nous faut une bonne impulsion vers la création authentique, la qualité sans limites, une éducation même. Il faut démentir François Sagan quand elle dit que « la culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans sa logique, la culture est opposée aux montées technologiques porteuses de l’anti-culture.
Mais c’est, déjà, la ranger dans les arcanes poussiéreux de l’oubli au nom de la mémoire collective. Or, il faut faire bouger les lignes. Il faut, surtout, insuffler une dynamique innovante et qui foisonne tous les jours. Parce que, justement, « l’homme de culture doit être un inventeur d’âmes ».
C’est Aimé Césaire qui l’affirme.