Par Hedi CHERIF (sociologue)
Ils étaient 140,206 élèves à passer les épreuves de la session principale du baccalauréat 2024. 62% sont de sexe féminin , et 38% de sexe masculin. Une épreuve de baccalauréat au parfum d’une féminisation qualitativement et quantitativement indiscutée. Les résultats annoncés sur les réseaux sociaux ce dimanche 23 juin 2024 , annoncent une suprématie féminine ascendante. Sur les sept lauréats admis dans les différentes sections , six sont des filles.
En attendant d’avoir plus de détails sur les résultats définitifs de la session principale, et jusqu’à preuve du contraire , la suprématie féminine semble être bien écrite dans les horizons !!! La question qui nous interpelle tous et toutes, et qui s’impose comme sujet de profondes réflexions multiples d’ordre sociologique, philosophique, pédagogique et psychosocial , celle du phénomène de la ‘’féminisation en tache d’huile, touchant tous les secteurs de la vie socioprofessionnelle, et marquant à la fois un éveil de la féminité et une crise de la masculinité. Un phénomène psychosocial à creuser afin de remettre les pendules à l’heure de vérité .
Soixante-huit ans après, et grâce aux acquis constitutionnels obtenus en matière de droits civiles et de libertés, proclamés par le père de la nation , feu Habib Bourguiba le 13 aout 1956 , la femme tunisienne a pu miraculeusement accéder aux plus hauts paliers de la vie socioprofessionnelle, marquant ainsi, un éveil sans égal d’une féminité dans une société encore androcentrique. En matière de performance universitaires et socioprofessionnelles, il n’y a pas un domaine où la femme tunisienne n’a pas fait la différence, et où elle n’a pas creusé suffisamment l’écart . Les résultats du bac annoncés ce matin confirment ‘’ un éveil de la féminité et une crise de la masculinité.
« A titre d’exemple, dans le domaine de la santé ,plus de 88% de candidats admis au concours de résidanat en médecine il y deux ans, sont de sexe féminin . Plus de 90 % de la dernière promotion de jeunes psychiatres admis au concours de fin de spécialité sont des descendantes de la Reine Didon. Plus de 95 % de candidats admis en master et en licence de droit public et privé de la faculté des sciences juridiques, sociales, et politiques de Tunis, sont aussi de sexe féminin. Plus des ¾ des services hospitalo-universitaires sont gérés par des femmes, etc.
Jusque là, et malgré toutes ces performances, et toutes ces distinctions, les acquis constitutionnels de la femme tunisienne, demeurent encore au stade de l‘’antalgique’’ qui gomme le symptôme de la douleur, et qui fausse le diagnostic,.Sinon comment expliquer qu’un rapport en juin 2014 de l’union européenne sur l’égalité hommes/femmes, indique que les femmes représentent 63% du nombre total des étudiants et 67% des diplômés elles n’occupent que 15% des postes clés dans les secteurs publics et privés.
Malgré toutes ces injustices et toute cette absurdité, nos reines et princesses continuent à creuser l’écart , à féminiser les secteurs de la vie socioprofessionnelle, à exprimer concrètement leur suprématie, à se placer en qualité d’actrices dans l’histoire de leur patrie la Tunisie, et à annoncer leurs prétentions de rééquilibrer le système de rapport femme/ homme, dans les différents domaines en passant de ‘’L’Etat de droit ‘’ à la ‘’Société de droit ‘’ où les chances pour chacun des deux genres doivent être réellement équitables dans les textes constitutionnels, qu’en réalité. La Tunisie qui a toujours fonctionné selon un mode de solidarité sociale , ne peut jamais et en aucun cas, voler avec une seule aile. Tunisiennes et tunisiens, sont les ailes qui permettent au corps social tunisien de s’élever tôt ou tard. Gardons donc l’espoir. Seul on va vite, ensemble en synergie positive, nous allons très loin.