Par Raouf KHALSI
Avec le retour en classe, se posent inéluctablement et de manière agressive, les questionnements sur le rôle social de l’école dans son environnement et dans sa vocation aujourd’hui érodée, ainsi que celles inhérentes aux débordements et aux violences en milieux scolaires. Et ce n’est pas un atavisme, parce que ce phénomène n’est pas introjecté, ni hérité des temps désormais immémoriaux.
Déjà, une terrible secousse à la première journée : un élève a été tué par d’autres en déficit de scolarité, aux abords de son lycée à Megrine.
On ne le répètera jamais assez : les poisons de l’outrance et de la violence se sont insinuées dans le métabolisme de l’école, depuis au moins trois décennies. C’est qu’on a plutôt sacrifié aux semblants des réformes et des contre-réformes pédagogiques, mais on n’aura fait qu’abandonner l’école à son sort.
Bourrés de matières, dont bon nombre se révèlent, au final, contre-productives, privés de véritable éducation civique et de prérequis pour embrasser le monde, les apprenants sont déconnectés des réalités et des normes sociales. A cela s’ajoute la fracture sociétale, dès lors que les parents se désengagent et, pour la plupart, ne s’intéressent qu’aux scores et pas du tout à l’intégration sociale de leur progéniture.
L’ascenseur social ? Trop sélectif, mécaniquement ponctuel, il ne profite qu’aux plus nantis.
Cette vision transversale s’accompagne, par ricochet, de nivellement par le bas. Et il n’est pas indifférent que l’école, depuis les années 1990, ne soit pas la même pour tous, tenue comme elle est de pondre un enseignement à deux vitesses. Au final, quelles en sont les répercussions ? Un glissement sociétal marqué, brisant tous les socles d’une société homogène où triomphent les valeurs morales, ainsi que l’égalité des chances pour tous et un certain sens de l’équité.
Nous en sommes loin ; ou du moins, nous nous en sommes éloignés.
Le système (et nous ne parlons pas ici de politique de l’Education) est autrement toxique, pernicieux
et ravageur.
C’est que le bourrage des crânes des apprenants ne laisse rien à leur perception des choses de la vie. Et dans ces magmas, ils ne s’ouvrent à la connaissance du Bien au sens métaphysique du terme.
Ils tournent le dos à la porte, mais ne voient que des ombres (des préceptes) projetés sur le mur.
C’est un peu le mythe de la caverne de Platon.
L’école doit s’émanciper, s’ouvrir à l’universalité des valeurs, cesser de vivre en autarcie et briser les chaînes. Parce qu’elle a aussi un rôle libérateur.