- Situation globalement stable en 2023 et 31,1% des PME ont observé une baisse de leur chiffre d’affaires
- 79% des PME n’ont pas participé à des marchés publics
- La PME Tunisienne génère 1,33 emplois par an, soit une moyenne annuelle de 27000 emplois
La CONECT a organisé aujourd’hui la 7ème édition de MIKYES, le baromètre annuel de la santé de l’entreprise et ce en partenariat avec la PNUD et le gouvernement canadien. MIKYES constitue un point de départ pour des décisions concrètes autour de la PME dans une époque de transformation disruptive des paramètres. L’accès au financement et aux marchés mais aussi les défis environnementaux sont les principaux freins au développement des PME tunisiennes, lesquelles génèrent 27000 emplois par an.
Aslan BERJEB, président de la CONECT a mis l’accent sur l’impérative d’identifier les leviers de transformation dans un monde qui bouge à grande vitesse. « Il faut accélérer le changement au lieu de temporiser. Aujourd’hui, ne nous contentons pas d’observer, transformons, innovons et avançons. Car si nous ne décidons pas de notre avenir économique nous-même, quelqu’un d’autre le fera à notre place ».
Démocratiser l’accès aux solutions de paiement
D’après l’analyse quantitative, 69% des PME tunisiennes opèrent exclusivement sur le marché local. Pour ce qui est de l’accès au marché international, nous constatons une concentration des entreprises exportatrices qui ne représentent que 12 % dans les grands centres économiques et les régions frontières, ce qui révèle un déséquilibre géographique qu’il faut absolument corriger outre un impératif d’adopter une nouvelle réglementation des changes, à l’image des économies les plus ouvertes, stimulant notre compétitivité à l’international. L’accès au marché financier constitue également l’épine dorsale de toute économie dynamique et inclusive. Il est impératif de permettre l’émergence de nouveaux acteurs fintech, start up, PME, afin de démocratiser l’accès aux solutions de paiement.
L’exemple de la nouvelle réglementation des chèques en est l’exemple frappant de cette capacité d’adaptation aux changements. Le président de la CONECT affirme que : « Cette transformation a apporté plus de transparence à sécuriser les transactions et surtout à recentrer la prise de risque sur les institutions financières plutôt que sur les commerçants et les fournisseurs. L’objectif d’une économie performante, c’est de restaurer et de renforcer la confiance entre les acteurs. Mais un changement aussi radical ne se fait pas sans effets secondaires temporaires. Nous avons vu dans les premières semaines une hausse des billets et monnaies en circulation, un retour plus marqué à l’usage du cash et une réaction d’adaptation parfois difficile pour certains acteurs économiques ».
Et d’ajouter : « Cela pose la question de notre sous développement financier, du taux encore élevé de l’exclusion bancaire et de l’impact immédiat sur les habitudes de consommation et de paiement. Mais Faut-il pour autant remettre en question la transformation elle même? A mon sens et à notre sens, non. Si nous avions attendu que toutes les conditions soient réunies, nous serions encore en train de discuter de la nécessité du changement. Donc, là où une transformation disruptive prend tout son sens, c’est dans la capacité d’adaptation qu’elle impose à l’écosystème.
Elle impose un effort d’adaptation. Elle enfonce le couteau, elle bouscule les habitudes, elle force l’innovation et la créativité. La transformation teste la résilience d’un écosystème et surtout, stimule par la suite sa capacité à se réinventer. Et c’est précisément cette capacité d’adaptation qui fait la force de notre pays qui fait la force de la Tunisie. Nos entrepreneurs, nos ingénieurs, nos experts ont prouvé à maintes reprises en quelques semaines que face au changement, nous savons innover. Nous savons transformer nos défis en opportunités ».
Un focus sur la transition verte
Céline MOYROUD, Représentante Résidente du PNUD en Tunisie, a mis l’accent sur le rôle du secteur privé dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) pour relever les défis socioéconomiques et climatique et réussir la transition vers une économie verte. « Il faut trouver des solutions adaptées à la transition verte et à la réduction de l’emprunte carbone qui constitue l’un des défis majeurs à relever pour la Tunisie et pour tous les pays membres. D’où un focus particulier sur l’économie verte conformément au Plan climat de l’ONU.
« Outre la transition verte et le rôle du secteur privé dans la réduction des émissions à effets de serre, nous travaillerons également avec la CONECT à partir du mois de mars prochain sur le focus RSE ». Un protocole d’accord a été d’ailleurs signé avec la CONECT pour renforcer la collaboration en matière de gouvernance, d’accès au financement et de décarbonisation.
S.E, Laurraine DIGUER, Ambassadrice du Canada en Tunisie s’est félicité des résultats de cette coopération avec la CONECT et a mis en exergue l’importance de l’accompagnement des PME et de l’inclusion des femmes dans cette synergie public-privé pour économie prospère.
Situation stable des PME en 2023
S’agissant des résultats de l’enquête, la physionomie des PME tunisiennes en 2023 pour un échantillon de 502 entreprises montre que 69% d’entre elles sont majoritairement locales et 12% sont totalement exportatrices dont 20% d’entre elles exportent vers l’Afrique du Nord. 45% ont un capital de moins de 100 KD avec une structure de propriété majoritairement locale. En 2023, 12,2% des entreprises sont gérées par des femmes. La situation des PME s’est stabilisée au cours de l’année 2023 et 31,1% ont vu leurs chiffres d’affaires régresser et ce malgré la décélération de la croissance en 2023.
Selon les résultats de l’enquête, l’obtention de nouveaux marchés a diminué en 2023 et se situe à son plus bas niveau depuis 2016. En effet, 23,9% des PME ont obtenu des nouveaux marchés avec le gouvernement et 76,9% n’ont pas participé à des marchés publics en 2023. Par ailleurs, les PME tunisiennes refusent de moins en moins de marché et les conditions de financement et la faible rentabilité sont les facteurs de refus les plus cités.
Il va sans dire que la PME Tunisienne génère 1,33 emplois par an, soit une moyenne annuelle de 27000 emplois. Un potentiel énorme de création d’emplois qu’il faut consolider en facilitant en leur facilitant l’accès au financement et aux marchés.
En dépit du ralentissement de l’appareil productif et du rythme de la croissance économique, les Chefs d’entreprises sont confiants en la capacité de résilience de leurs structures face aux chocs qu’ils soient endogènes ou exogènes et la problématique d’accès au financement et aux marchés reste le principal frein à la pérennité des PME tunisiennes.
Yosr GUERFEL AKKARI