Une régularisation de la situation des docteurs au chômage devrait être bientôt annoncée par la présidence du gouvernement, apprend-on auprès du porte-parole du collectif « La Voie des docteurs chercheurs », Hatem Ben Jemiaâ.
« Un conseil ministériel devrait se tenir la semaine prochaine pour acter la régularisation de la situation des docteurs au chômage, à travers le recrutement d’environ 3000 d’entre eux en tant que maîtres assistants dans les établissements d’enseignement supérieur et de 2000 docteurs au niveau des structures de recherche rattachées à divers ministères », a-t-il révélé.
Et d’ajouter : « Alors que près de 7000 docteurs ont été enregistrés sur la base de données lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, quelque 2000 titulaires du diplôme de doctorat risquent ainsi de ne pas être concernés par cette régularisation, au prétexte qu’ils travaillent déjà dans le secteur public ou dans le secteur privé. Or, ceux-ci occupent des postes qui ne correspondent pas à leurs qualifications académiques ».
Le responsable syndical indique dans ce cadre que le collectif « La Voie des docteurs chercheurs » réclame « une régularisation définitive et globale de la situation de tous les titulaires du plus haut diplôme reconnu à l’échelle internationale, conformément aux recommandations du Président de la République ».
Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le collectif a décidé d’organiser un rassemblement de protestation à la Place de la Kasbah le mardi 29 avril
Le Chef de l’État avait annoncé, le 13 février dernier, la possibilité de créer au moins 5 000 postes pour les docteurs chercheurs au sein de plusieurs institutions et laboratoires. Il avait également ordonné une accélération du processus afin de clore définitivement ce dossier, selon un communiqué officiel de la présidence.
Le Président Kaïs Saïed a appelé, depuis juillet 2024, le gouvernement à trouver des « solutions urgentes » au dossier des docteurs chômeurs qui avaient manifesté le jour même devant le ministère de l’Enseignement supérieur.
« Le Président de la République a évoqué la nécessité de trouver des solutions urgentes au dossier des docteurs au chômage, expliquant que ces derniers sont les victimes de certains choix erronés dont ils paient cher le prix. Outre de nouveaux choix stratégiques pour l’avenir, des solutions sont nécessaires pour ceux dont on a déjà bloqué les horizons », avait alors souligné la présidence dans un communiqué publié à l’issue d’une rencontre tenue au Palais de Carthage entre le Chef de l’Etat, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Moncef Boukthir, et la ministre de l’Education d’alors, Salwa Abbassi.
Réformer l’enseignement supérieur
Les docteurs chercheurs sans emploi réclament notamment le recrutement de « la crème du monde universitaire » dans les établissements d’enseignement supérieur, ainsi que dans les structures de recherche rattachées aux divers ministères et aux établissements publics (offices et entreprises publiques) et l’ajout de la fonction de docteur-chercheur dans l’organigramme de la fonction publique.
Le nombre des docteurs chômeurs ou employés dans des postes inférieurs à leurs qualifications académiques (enseignants vacataires, fonctionnaires ou simples agents administratifs, etc.) est estimé à environ 7000. Mais des centaines de nouveaux diplômés viennent grossir chaque année les rangs de ces chômeurs « ultra-diplômés », alors que le nombre de postes à pourvoir dans la fonction publique ne cesse de baisser d’une année à l’autre dans un contexte marqué par de fortes pressions sur les finances publiques et que les entreprises publiques et privées ne recrutent pratiquement pas des détenteurs du plus prestigieux diplôme de l’enseignement supérieur.
Les docteurs chômeurs bénéficient du soutien de la Fédération de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS), un syndicat rattaché à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et de l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET). Ces deux syndicats estiment que les docteurs sans emploi sont avant tout « des victimes de l’inadéquation entre la formation universitaire et les besoins effectifs du marché du travail, qui a produit des milliers de diplômés hautement qualifiés contraints soit au chômage, soit à exercer des emplois mal rémunérés et dévalorisants ».
L’UGET a par ailleurs appelé les autorités à régulariser la situation des titulaires de doctorat au chômage en les recrutant dans les centres de recherche et les universités, tout en plaidant pour le lancement d’un dialogue approfondi sur la réforme de l’enseignement supérieur afin d’améliorer l’employabilité des diplômes universitaires.
Walid KHEFIFI