Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, le Chef l’État a exposé une vision ambitieuse, marquée par un engagement profond à réformer en profondeur les fondements économiques et sociaux du pays. En mettant l’accent sur une transformation radicale des politiques publiques, il cherche à imprimer une nouvelle dynamique qui place l’humain au cœur des priorités de l’État. Le Président n’a pas mâché ses mots pour critiquer les solutions intermédiaires adoptées jusqu’ici, jugées inefficaces et incapables de répondre aux aspirations populaires. Ce rejet des compromis habituels s’inscrit dans une volonté plus large de rompre avec un système économique basé sur des privilèges et des pratiques peu transparentes.
Parmi les annonces majeures figurait l’interdiction du recours à la sous-traitance dans les services publics. Ce modèle, longtemps toléré, a souvent conduit à des conditions de travail indignes pour des milliers de salariés opérant sans garanties sociales ni sécurité de l’emploi. Le Président a proposé une solution structurelle : l’intégration progressive des travailleurs concernés dans les administrations où ils exercent déjà leurs fonctions, mettant ainsi un terme à un système perçu comme une exploitation institutionnalisée. Ce changement vise à renforcer la stabilité professionnelle de ces agents, tout en améliorant la qualité des services publics. Il s’agit également d’un signal fort adressé aux catégories sociales les plus fragiles, montrant que l’État entend restaurer la confiance par des actes concrets.
Repenser l’économie au service du peuple
Une autre dimension importante du discours présidentiel concerne le rôle de l’État dans la vie économique. Il ne s’agit plus simplement de gérer, mais de réorienter les ressources vers des secteurs créateurs de valeur ajoutée réelle. Le Président a ainsi dénoncé le maintien de structures publiques inefficaces, drainant les finances sans retour significatif pour les citoyens. Il a également insisté sur l’importance de promouvoir l’économie sociale et solidaire, en particulier à travers le soutien aux entreprises dites citoyennes. Ce modèle alternatif, fondé sur la participation locale et la responsabilité collective, pourrait représenter une solution à la fois économique et sociale, dans un contexte où l’initiative privée reste souvent étouffée par les lourdeurs bureaucratiques.
Justice sociale et équité comme boussoles de l’action gouvernementale
Le discours a également abordé la nécessité de réviser en profondeur les politiques sociales, notamment celles touchant les travailleurs des chantiers, longtemps marginalisés et victimes d’un système d’intégration inadapté. Le Président a plaidé pour la mise en place de mécanismes garantissant un salaire juste et des droits équitables à ces milliers de Tunisiens relégués aux marges du marché du travail.
Ce souci d’inclusion se traduit aussi par une attention portée aux systèmes de sécurité sociale, dont les équilibres financiers menacent aujourd’hui leur pérennité. Le redressement des caisses sociales constitue donc une priorité, non seulement pour garantir les retraites et les prestations, mais aussi pour assurer la continuité du contrat social tunisien.
Un projet politique fondé sur l’éthique et la transparence
Au-delà des mesures techniques, le Président a rappelé que la réussite des réformes dépend avant tout de la restauration de l’éthique dans la vie publique. La lutte contre la corruption n’est pas une option, mais une condition sine qua non pour instaurer un climat de confiance et de responsabilité.
Dans ce contexte, la souveraineté nationale ne s’entend plus seulement en termes géopolitiques, mais aussi comme la capacité d’un pays à maîtriser ses choix économiques et sociaux. Le Président oppose à la résignation ambiante une foi résolue dans le potentiel du peuple tunisien, qu’il appelle à résister à la fatalité et à construire un avenir fondé sur la dignité, la justice et l’engagement collectif. À travers ces orientations, c’est un véritable changement de cap qui s’esquisse, où le citoyen n’est plus un simple spectateur, mais un acteur central d’une Tunisie en reconstruction.
Leila SELMI