Par Raouf KHALSI
Nous sommes face à la théorie hégélienne de l’Histoire, autrement dit « l’enchaînement des contradictions qui engendrent l’histoire de l’humanité. Elles sont une suite des forces qui se combattent pour en faire surgir de plus grades. Il s’agit donc pour Hegel d’étudier la logique du réel en évitant de se perdre dans un monde d’abstractions ».
C’est là la définition diffuse de la dialectique hégélienne. Et rien à avoir d’ailleurs avec le matérialisme historique de Marx et d’Engels.
Il existe mille et mille façons d’écrire l’Histoire, de la vivre aussi, mais on n’échappe pas à la dialectique.
Prenez le peuple tunisien : il a provoqué la défatalisation de l’Histoire en se soulevant contre des décennies de dictature et d’asservissement. Ce sont surtout les jeunes qui ont conduit la révolution au nom de la dignité et la fin de la marginalisation. « Un peuple qui se révolte a toujours raison » disait Camus. Et en ce qui nous concerne, la dialectique s’est superbement opérée, annonciatrice d’une nouvelle ère et rompant avec les funestes paradigmes anciens.
Aujourd’hui, l’Etat cherche à faire en sorte que cet ordre nouveau, obstrué par une décennie de hautes turbulences (au nom d’une démocratie autant fantasmée que viciée) s’accomplisse et qu’il s’invente une philosophie et des valeurs pour placer son fauteuil dans le sens de l’Histoire. C’est aussi une exigence dialectique quitte à la bousculer.
L’intermède des dix années noires n’est rien comparé à un Etat aujourd’hui fédérateur et qui s’attelle à réparer (quitte à déconstruire) les tares et même les outrances du passé.
Jamais peuple n’a été, comme aujourd’hui, dépositaire de la souveraineté nationale, et jamais par le passé il n’a été maître de son destin.
C’est à partir de cette réparation de l’Histoire que l’Etat mène un combat pour la justice sociale moyennant une révolution législative et une équité partagée de tous. C’est un gros chantier et carrément une guerre de libération nationale induite par le Chef de l’Etat. Il n’a pas choisi la facilité et le confort.
Il s’y engage avec foi et détermination pour que naisse un nouveau modèle de gouvernance impliquant toutes les institutions et, surtout, le peuple. Parce que c’est la première fois en Tunisie qu’un Président parle peuple, non pas pour parler en son nom et non pas pour lui faire miroiter des mirages.
De là, une propension à communiquer et à dire la vérité au peuple.
Ce peuple, justement, qui a beaucoup souffert et qui aujourd’hui relève la tête.
C’est le cycle de la dialectique historique. Et l’Histoire est défatalisée.