Par Raouf KHALSI
« Deux choses sont infinies : l’ Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore la certitude ». C’est Einstein qui parle et il sous-entend par-là que la bêtise humaine est infinie. Mais lorsque la bêtise est doublée d’effronterie, voilà qui la rend incommensurable.
On vient d’en avoir l’illustration avec le communiqué d’Ennahdha , publié à l’occasion de ses 44 ans d’existence. Et comme c’est de tradition dans son champ sémantique et toujours fidèle au même modus operandi, le mouvement islamiste a fait tantôt dans la piètre victimisation, tantôt dans le triomphalisme narcissique, et toujours avec les mêmes recettes de l’endoctrinement et de l’absence absolue de toute introspection ou d’autocritique.
Dans leur argumentaire, les Nahdhaouis se présentent comme la seule « citadelle historique » ayant affronté Bourguiba, puis Ben Ali , pour en arriver, bien sûr, au Président Saïed qu’ils accusent d’avoir opéré « un putsch » le 25 juillet 2O21, pourtant un haut fait de l’histoire contemporaine de la Tunisie. C’est que, dans leur ivresse du pouvoir, ils auront fait preuve de myopie politique, incapables qu’ils étaient de flairer tant d’audace, de courage et de hardiesse que fut le tournant du 25 juillet.
Ce jour-là, les masques sont tombés tandis que l’œuvre de réinstitutionnalisation de l’Etat et de refondation des institutions se révèle être aujourd’hui, et avec du recul, une exigence historique.
Les Nahdhaouis auront donc exprimé toutes leurs rancœurs, toutes leurs frustrations et une fausse compassion envers le peuple qu’ils prétendent avoir libéré du joug de Ben Ali. Voilà c’est dit : ce sont eux qui auraient démantelé le régime de l’époque, s’en arrogeant tous les mérites dans le pur style de la perversion révisionniste. Où sont alors passés ces jeunes qui, depuis le 17 décembre 2010, se sont insurgés contre le régime au nom de la dignité et de la liberté ? Ennahdha les a oubliés, à défaut de les instrumentaliser !
Pire : Ennahdha se targue encore d’être le faiseur de la démocratie dans le pays. Laquelle des démocraties ? Parce que celle d’Ennahdha était faite de subterfuges, de mirages qu’on faisait miroiter au peuple. Sa « démocratie » n’était rien de moins qu’un miroir aux alouettes, toute faite aussi de lavages de cerveaux, de simulacres, alors que ses « dignitaires » n’enviaient rien aux flibustiers de l’enfer de Dante Alighieri.
Pour le reste, Ennahdha parle de « sacrifices » (il en est capable ?), pour avoir renoncé au pouvoir lors des tractations pour un gouvernement de technocrates, évitant ainsi « un bain de sang » au pays !
Les assassinats politiques ? Il s’en lave les mains…Les Nahdhaouis ne sont donc coupables de rien !
Ils sont purs. Ils sont angéliques. Et sans eux, point de libertés et de démocratie.
C’est en définitive, la danse du coq égorgé.