L’arrivée de l’été sonné la fin d’une année scolaire intense et parfois éprouvante, tant pour les élèves que pour leurs parents. Mais ces deux à trois mois de vacances tant attendus sont-ils réellement bénéfiques pour les enfants ? Comment les occuper utilement sans céder à la pression ou à la culpabilité ? Myriam Lilia Besbes, coach dévoile quelques pistes pour mieux comprendre les enjeux des grandes vacances.
Le Temps.news : Les vacances d’été, une pause nécessaire ou un parcours du combattant parental ?
Lilia Besbes : Chaque année, c’est le même scénario. À peine les cahiers fermés que la question surgit : « Mais qu’est-ce qu’on va faire d’eux pendant ces vacances ? Nos enfants ont besoin de souffler. L’année scolaire est rythmée par un enchaînement de devoirs, d’évaluations, de réveils matinaux et d’activités extrascolaires. Ce rythme soutenu peut générer fatigue, stress et même anxiété. L’été représente donc un moment crucial pour décrocher, se reposer, rêver et retrouver un équilibre. Cette pause est aussi bénéfique pour leur développement personnel et leur bien-être psychique.
La fin d’année est-elle un terrain miné ?
Oui, on y trouve un cocktail explosif : stress des résultats, fatigue générale, organisation des vacances, et budget serré. Sans parler du fait qu’on doit caser presque trois mois de vacances des enfants dans quatre semaines de congés parentaux. La fin d’année scolaire peut aussi être source de tensions : les résultats, les bulletins, les choix d’orientation, les inscriptions pour l’année suivante… Tout cela arrive souvent en même temps que la nécessité de planifier les vacances. Pour de nombreuses familles, il faut composer avec des contraintes financières, professionnelles et logistiques. Programmer des congés avec ses enfants devient alors un casse-tête, parfois conflictuel Résultat : tension dans les familles. Mon conseil ? Accepter que tout ne soit pas parfait. L’important, c’est de garder le lien, pas de faire un été Instagrammable.
Comment meubler les vacances de ses enfants intelligemment ? Deux mois et demi, c’est long pour tout le monde ?
Beaucoup de parents estiment que les grandes vacances d’été sont trop longues. Effectivement, passé le premier mois, certains enfants s’ennuient, tournent en rond, et finissent par se coller aux écrans faute d’autres activités. Cela pose la question d’une meilleure répartition des vacances sur l’année, comme cela se fait dans d’autres pays. C’est une réalité : à partir de mi-août, même les enfants les plus motivés finissent par dire : « Je sais plus quoi faire, je m’ennuie..… » Ce n’est pas une preuve de raté parental, c’est juste humain. D’ailleurs, certains pays ont raccourci leurs grandes vacances. En attendant que la réforme arrive chez nous, l’idée est de donner du rythme, sans surcharger. Meubler les vacances ne veut pas dire les remplir à tout prix. Loin de l’idée de performance permanente, l’enfant a besoin de temps libre pour s’ennuyer, créer, lire, jouer ou inventer. Cela dit, quelques activités structurées : stages sportifs, sorties culturelles ou bricolages peuvent être des repères utiles. L’essentiel est de varier les temps : moments calmes, découvertes, jeux en extérieur, vie en famille.
Faut-il recourir aux cours particuliers l’été ?
Les cours particuliers ne sont pas une nécessité pour tous. Ils peuvent être utiles pour les élèves en grande difficulté ou ceux passant un examen l’année suivante. Mais attention à ne pas transformer les vacances en « session de rattrapage scolaire » : le risque est de nourrir un rejet de l’apprentissage. L’été peut être l’occasion de réviser autrement, par le jeu, la lecture, ou des activités ludiques.
Et les colonies ?
Envoyer son enfant en colonie peut être une excellente idée. Elles offrent une expérience de vie en collectivité, favorisent l’autonomie, et permettent de découvrir de nouveaux horizons. Bien sûr, cela dépend des goûts de l’enfant, de son âge et du budget familial.
Pensez-vous qu’il y a des inégalités face aux vacances?
Tous les enfants ne partent pas en vacances. Beaucoup restent seuls, ou sont gardés par un grand frère ado peu motivé ou une nounou. Ces situations creusent les inégalités. Une grande partie reste livrée à elle-même, faute de moyens ou d’encadrement. De nombreux parents, notamment isolés, doivent continuer à travailler tout en gérant les enfants à la maison. Cette situation met en lumière les inégalités sociales et l’urgence de renforcer la création de centres de loisirs accessibles. Il est crucial de soutenir les centres de loisirs ou autres. Parce que chaque enfant mérite des souvenirs d’été, pas juste des semaines d’ennui devant un écran.Les vacances d’été sont une opportunité précieuse de repos, de détente et de découvertes. Mais elles doivent être repensées pour répondre aux besoins de tous les enfants, quels que soient leurs contextes familiaux.
Interview par Kamel BOUAOUINA