Leur « faute » est d’avoir été atteints par cette maladie et ils doivent le payer pendant toute leur vie. Eux, ce sont les dizaines de milliers de citoyens, soumis malgré eux au régime strict sans gluten à cause de la maladie cœliaque et ils sont condamnés à vivre un calvaire quotidien pour se procurer des aliments qui tiennent compte de leur maladie et surtout, à se les procurer sur le marché car ces produits se font de plus en plus rares et leurs prix n’arrêtent pas de monter en flèche…
Médicalement, le régime sans gluten est imposé aux personnes atteintes de la maladie cœliaque qui est une affection intestinale chronique et auto-immune liée à l’ingestion de gluten, formé à partir de la gliadine contenue dans beaucoup de produits céréaliers. Ce régime, prescrit après des analyses déterminées par le spécialiste, consiste à éliminer de l’alimentation toutes les céréales contenant du gluten, les sous-produits de ces céréales et les produits fabriqués à partir de ces sous-produits.
Ce régime exige donc le retrait complet, pour la vie, de toute source de gluten dans l’alimentation quotidienne. D’ailleurs, ce régime sans gluten est le seul traitement efficace et ne comporte aucun effet secondaire. De plus, tout porte à croire, selon les spécialistes, que les personnes cœliaques qui suivent le régime sans gluten de façon stricte sont épargnées des complications associées à cette maladie.
Ainsi, les personnes atteintes et condamnées à suivre ce régime doivent toujours se rappeler que les céréales contenant du gluten sont le blé (incluant kamut et épeautre : variétés de blé), le seigle, l’avoine, l’orge et le triticale (hybride du seigle et du blé).
Et c’est à partir des conclusions du médecin traitant et des résultats des analyses que le calvaire commence. Ainsi, ces malades doivent impérativement se soumettre au régime sans gluten avec tout ce que cela cause de tracasseries, de privation et de dépenses de plus en plus élevées à cause des prix galopants des aliments sans gluten.
Fort heureusement, plusieurs aliments peuvent être consommés par des personnes cœliaques : le riz et le maïs, la pomme de terre, les légumineuses (haricots et pois secs, lentilles…) sont des céréales et des féculents qui ne contiennent pas de gluten. Les fruits, les légumes, la viande, le poisson, la volaille, le gibier, les œufs, les noix, les amandes et les graines et le lait sont des aliments naturellement sans gluten. D’ailleurs, la majorité des produits sans gluten est fabriquée à partir de farines de riz, de maïs, de pomme de terre, de soja, de tapioca. D’autres farines et fécules plus exotiques sont naturellement sans gluten.
Des prix incontrôlés et inacceptables
Face aux restrictions imposées par leur régime, les malades concernés par cette affection, aujourd’hui de plus en plus détectée suite aux analyses recommandées par les spécialistes en gastrologie, vivent un véritable calvaire pour disposer d’une alimentation saine mais de plus en plus exposée aux augmentations « sauvages » des prix comme pour profiter des conditions dans lesquelles vivent les malades cœliaques qui n’ont pas le choix et qui doivent dépenser un argent fou pour trouver de la nourriture et pour apaiser leur faim.
C’est que les prix sont incroyablement élevés. A titre d’exemple, les pâtes normales se vendent à 800 millimes le kilogramme, alors que les pâtes sans gluten se vendent à, tenez-vous bien, 6D800 la boîte de 340 grammes qui suffit à peine à préparer un plat de spaghetti.
De même, la farine ordinaire se vend à un dinar le kilogramme, alors qu’une petite boite de farine sans gluten de 500 grammes se vend à 9D700 et elle suffit à peine pour préparer du pain pour une seule journée. Comment fixe-t-on ces prix et qui peut les évaluer et juger de leur véritable coût ?
Et en plus de ces prix exorbitants qui n’obéissent à aucune logique économique et qui sont fixés au gré des industriels qui les fabriquent, les aliments sans gluten se font très rares, n’étant disponibles que dans les grandes surfaces ou chez certains revendeurs de produits naturels ou parapharmaceutiques.
Danger et dépenses onéreuses
A ce propos, Monji Ben Hriz, le président de l’Association tunisienne de la maladie cœliaque, n’hésite pas à lancer un cri d’alarme et à appeler à trouver des solutions pour permettre à ces gens, déjà souffrants, de mener une vie normale avec des dépenses à la limite de l’acceptable : « Les malades cœliaques éprouvent aujourd’hui de réelles difficultés à se procurer des aliments, ce qui a amené certains, incapables de payer leur nourriture, à modifier leur régime alimentaire, mettant ainsi leur santé en péril ».
Et comme ces malades se trouvent obligés de consommer de plus en plus de riz, qui ne contient pas de gluten, ce produit devient, à son tour, parfois introuvable ou disponible sur le marché parallèle, à des prix déraisonnables, comme pour faire souffrir davantage ces pauvres malades, surtout ceux qui n’ont pas les moyens de supporter de telles dépenses. « Tout ceci se passe au su et au vu de tout le monde sans qu’il y ait d’intervention pour aider ces malades, dont le nombre avoisine les 100 mille ».
Il s’agit, là, d’un appel au nom de tous ces malades qui ne doivent pas être lâchés et soumis au dictat des industriels qui fixent les prix à leur guise de manière peu humaine. Sinon comment expliquer que la boite de 340 grammes de pâtes passe, en une seule année, de 3d800 à 6D800 sans crier gare et sans raison convaincante, sous le regard impassible des contrôleurs des prix ?
Kamel ZAIEM