La transition énergétique est la nouvelle tendance énergétique de ces dernières années. Pour cela, la Tunisie a élaboré une stratégie énergétique à l’horizon 2035 en Tunisie qui s’inscrit dans une vision qui consiste à appréhender la problématique de sécurité énergétique du court terme dans une optique de long terme tournée vers un modèle énergétique durable qui contribue au développement bas carbone de la Tunisie. Décryptage avec Aslan Aslan Berjeb, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT).
Le Temps.news : Pourquoi cette consultation sur la transition énergétique ?
Aslan Berjeb : Nous avons estimé nécessaire d’établir une consultation sur un secteur vital en Tunisie qui s’inscrit dans les préoccupations premières des entreprises. Aujourd’hui le plan solaire tunisien mis en place en 2015 a réussi à être performant sur un triple niveau : le niveau réglementaire, institutionnel et incitatif. Mais la mise en place a tardé à cause d’éléments objectifs et subjectifs. Le premier régime, l’autoproduction, a connu de beaux jours et a constitué une chaîne de valeur très importante en installateurs et en producteurs. Nous avons aujourd’hui des centaines d’entreprises créant des milliers d’emplois, et on s’en félicite. Mais on voudrait bien que cette filière soit encouragée pour continuer de travailler sur de nouveaux projets, entre autres le projet de l’autoproduction pour les usines.
Le régime des concessions et celui des autorisations qui ont quelques difficultés dus au COVID et à la guerre en Ukraine ont considérablement augmenté le financement, une composante essentielle de ces projets. Attention, nos finances publiques ont été touchées par l’équilibre du déficit commercial du principalement au déficit énergétique. Nos entreprises qui ont un problème de compétitivité dû au prix de l’électricité connaîtront à partir de 2026 une barrière nouvelle, celle de la taxe au carbone.
Cette taxe carbone aux frontières va-t-elle effrayer nos entreprises ?
Nos entreprises aujourd’hui qui ont un problème de compétitivité justement à cause du prix de l’électricité, qui les rend moins compétitives sur le national et l’international. Et surtout sur la taxe carbone qui va être mise en place en 2026. C’est donc un handicap en plus pour nos entreprises. Et donc, on se doit aussi d’être derrière nos entreprises pour un peu vulgariser la question de la décarbonisation. On est en train de travailler. D’ailleurs, notre rôle, en tant que CONECT, c’est de démystifier cette question-là, de faciliter la compréhension, pour permettre à l’entreprise d’être dans son champ d’action et dans son intérêt direct. Donc, c’est un rôle que nous jouons dans les régions. Mais il faut voir ces problèmes-là en tant que défis qu’il importe de transformer en opportunités
La Tunisie pourrait-elle devenir exportatrice d’énergie ?
La Tunisie le sera et le projet avec l’Italie « Elmed » est un bon exemple . C’est un véritable pont énergétique entre l’Italie et la Tunisie, qui reliera deux grands systèmes électriques : celui de l’Europe et celui de l’Afrique du Nord. ELMED sera la première interconnexion en courant continu entre les deux continents. Un ouvrage qui, grâce à la bidirectionnalité des flux, apportera d’importants avantages énergétiques et environnementaux. On espère voire pulluler d’autres projets . La Tunisie a un emplacement stratégique en solaire et en éolien exceptionnel. Elle est proche du vieux continent qui a un problème de déficit énergétique .La flambée des prix des carburants depuis le début de 2022, de la guerre en Ukraine rappelle inlassablement l’importance du développement de l’énergie verte pour l’indépendance énergétique du pays et l’exportation
Mais les freins financiers subsistent ?
Ce sont des gros projets et nous n’avons pas le montage financier nécessaire .Les financements se font de plus en plus rares et on se félicite aujourd’hui par les derniers projets qui ont été signés à Gafsa (100 MW) Kairouan (100 MW) Tataouine (200 MW).Il faudrait attirer les bailleurs de fonds en les encourageant à venir à investir dans ce secteur porteur.A nous de transformer l’essai comme diront les rugbymen
Kamel BOUAOUINA