Le problème est loin d’être résolu….nos responsables traînent encore …et le phénomène de la migration prend de plus en plus de l’ampleur en Tunisie, depuis la résurgence de la pandémie du coronavirus, sans pour autant trouver des solutions efficientes pour l’éradiquer, c’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) sur la pandémie de la covid-19 et l’évolution des intentions de migration chez les familles tunisiennes.
Syndrome
L’étude en question révèle que 57,8% des familles tunisiennes interrogées estiment que l’avenir de leurs enfants serait meilleur hors du pays. 25,3% des Tunisiens ont avoué qu’ils pensent constamment à quitter le pays, tandis que 14,5% hésitent entre partir ou rester dans le pays. Finalement, c’est pire qu’un syndrome: c’est une contorsion d’idée fixe….
Selon le même rapport, l’intention de migration ne se limite pas à une tranche d’âge déterminée mais concerne un grand nombre de Tunisiens. 47% des Tunisiens (entre 18-29 ans) et 35% (entre 30-39 ans) pensent à l’immigration en permanence.
Le FTDES indique ainsi que la migration est passée d’une volonté individuelle résultant de problèmes conjoncturels ou d’un état de désespoir à une sorte de décision collective prise indirectement par un groupe d’acteurs qui ne sont pas nécessairement d’accord sur les causes de la crise, mais qui sont convaincus de l’absence de solutions.
Les motifs derrière la migration sont, essentiellement, liés aux répercussions de la pandémie du coronavirus, la situation politique tendue dans le pays, l’échec du modèle de développement depuis l’indépendance, la détérioration du pouvoir d’achat, la paupérisation et l’injustice dans la répartition des richesses.
Au-delà du fait que l’apparition du coronavirus a accentué ce phénomène, plusieurs jeunes tunisiens dont des élites ont choisi, depuis la révolution, de quitter leur pays pour aller travailler et vivre ailleurs, où ils trouveront des conditions plus propices et des rémunérations dignes de leur travail et efforts déployés.
Etant étudiants en cours de formation, chercheurs, médecins, ingénieurs ou autres, ils rêvent, tous, de telles opportunités afin de construire un avenir plus clair, loin des obstacles que l’on a tendance à rencontrer en Tunisie.
Sonnette d’alarme
D’ailleurs, on s’est rendu compte de l’ampleur du phénomène « Brain Drain » ou « fuite des cerveaux », quand on a constaté un manque en personnel médical et paramédical en pleine crise sanitaire.
Plusieurs responsables et dirigeants ont, de ce fait, tiré la sonnette d’alarme, soulignant, par ailleurs, que la « fuite des cerveaux » exacerbe les pénuries surtout dans les régions les moins développées.
Dans ce contexte, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi a indiqué, auparavant, que 800 médecins ont quitté le pays en 2018, 900 autres médecins ont fait de même en 2019, et que 2 700 prendront le large en 2022, ce qui augmentera encore le déficit d’un secteur qui souffre déjà de l’exode de 500 médecins.
A vrai dire, ces jeunes sont plongés, plus que jamais, dans le désespoir. Ils choisissent de franchir un chemin long, difficile, épuisant et préfèrent ainsi sombrer dans le mal du pays, dans lequel, ils comptent se diriger, pour éviter le fait de souffrir dans leur propre pays ! Pourtant, les responsables qui ont dirigé le pays, cette dernière décennie, ont fait la sourde oreilles aux attentes des adultes, jeunes et moins jeunes.
Certes, la majorité des Tunisiens part à l’étranger, essentiellement, pour des raisons financières, mais les motifs du « Brain Drain » sont aussi liés aux conditions de travail et de recherche.
Par ailleurs, les jeunes entrepreneurs voulant se lancer dans l’entreprenariat, booster leurs carrières, lancer des projets ambitieux et trouver un appui financier se dirigeant la plupart du temps à l’étranger dans l’espoir de réaliser leurs rêves. Pourtant, ces jeunes ont parfois besoin d’une simple reconnaissance. Le sentiment d’être apprécié, respecté et d’être reconnu dans son travail . Sauf que la valeur « Travail », vecteur entrepreneurial incontournable, est tout simplement clochardisée.
Certes tout un travail de fond doit être réalisé pour répondre aux attentes des Tunisiens, en leur offrant des conditions propices, qui leur permettent de cartonner dans leurs carrières professionnelles, mais admettons que les Tunisiens ont aussi une part de responsabilité. Une responsabilité envers l’Etat qui a investi en eux (coût de formations, la scolarisation gratuite…)
Finalement, la fuite des cerveaux et la migration des Tunisiens peuvent compromettre, à long terme, le développement futur du pays. A vrai dire, c’est en investissant davantage sur la génération actuelle et future, qu’on arrivera à avancer et à faire en sorte que notre pays évolue sur tous les plans.
Cela dit, ce problème est récurrent. Il n’est pas nouveau. A ses heures, le leader Bourguiba déplorait la fuite des cerveaux. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de cerveaux, mais d’une massification d’un certain désespoir face à des horizons bouchés dans la spirale dépressive de ce qu’on appelle « le mal vivre »
Linda MEGDICHE