Depuis la semaine dernière se tiennent différents ateliers de travail ayant trait à l’élaboration du document-cadre pour les domaines d’apprentissage. C’est un document très important qui établira une nouvelle vision dans l’élaboration des programmes et des manuels scolaires officiels, ainsi que les mécanismes d’évaluation, le temps et vie scolaires. Lors de sa visite à ces ateliers de travail le mardi 29 novembre, le Ministre de l’Education a accompagné les travaux des différentes commissions chargées du développement des programmes officiels et des manuels scolaires, recommandant la nécessité de travailler de manière moderne et innovante selon les exigences de l’époque.
Qui dit nouveaux programmes dit nouveaux manuels scolaires. Réforme du système oblige ! Tous les élèves du collège et du lycée auront leurs nouveaux livres flambant neufs dans les prochaines années. Cependant, comment ces manuels seront-ils conçus et confectionnés ? Combien leur fabrication coûtera-t-elle ? Qui décidera de leur contenu ? Et surtout comporteront-ils des programmes allégés et adaptés aux nouveaux outils numériques ? Telles sont les questions qui se posent aux différentes commissions qui se penchent actuellement au Ministère de l‘Education sur un projet de réformes scolaires en vue de développer les nouveaux programmes officiels et les manuels scolaires aux niveaux préparatoire et secondaire.
Les programmes officiels à réviser
Nul doute, il est venu le temps où les programmes officiels de tous les niveaux du secondaire doivent être révisés. Beaucoup de changements doivent être opérés : repenser le nombre de matières pour chaque niveau, les horaires impartis aux différentes matières, apporter les changements nécessaires au niveau des thèmes et des contenus, revoir les coefficients dont est doté chaque matière enseignée, reconsidérer le temps scolaire et la vie scolaire, adopter de nouvelles méthodes d’apprentissage basées sur les technologies modernes.
Traditionnellement, un programme était une liste des matières que les élèves devaient étudier sous la direction d’un enseignant et sur lesquelles ils doivent être testés ; il s’agissait donc essentiellement d’une somme de connaissances à retenir. Aujourd’hui, le milieu et l’atmosphère scolaires ont changé. Désormais, le programme scolaire doit embrasser tous les aspects de la vie et vise l’expérience à acquérir, les activités et le matériel à prévoir, les méthodes à appliquer et toutes les autres ressources que l’enseignant met en jeu, ou dont il tient compte, dans le processus éducatif. Il importe beaucoup que les programmes éducatifs doivent rendre le milieu scolaire aussi vivant et stimulant que possible afin de permettre l’épanouissement complet de la personnalité et du caractère de l’élève en lui inculquant les fondements de la démocratie, du civisme et de la citoyenneté. C’est qu’il faut fixer d’abord les objectifs et répondre aux questions suivantes : « Où va-t-on avec notre enseignement ? Quelle formation doit-on fournir à l’élève d’aujourd’hui ? Et comment doit être notre école d’avenir ? »
Pour une bonne conception des nouveaux manuels
Sachez que ni les programmes ni les manuels dans l’enseignement secondaire n’ont changé depuis plus de vingt ans, si bien que les thèmes, les centres d’intérêts, les contenus et les méthodes d’apprentissages sont devenus vétustes au point que l’élève d’aujourd’hui se trouve souvent démotivé et peu concentré aux cours qu’il considère non conformes aux nouvelles technologies devenues chez lui plus pratiques et plus avancées par rapport à l’enseignement qu’il reçoit aujourd’hui à l’école. Il en résulte que l’élève du secondaire n’accorde plus d’attention aux différents manuels scolaires qu’il juge très précaires par rapport aux connaissances scientifiques, littéraires, culturelles, historiques et économiques qu’il peut trouver ailleurs, via le net et à travers d’autres produits multimédias. C’est pour toutes ces raisons que les commissions chargées de concevoir les nouveaux manuels sont appelés à prendre en considération les préoccupations des nouvelles générations. En effet, outre les avantages traditionnels qu’offre un manuel scolaire, il doit s’adapter aux intérêts des élèves qui sont fréquemment confrontés aux outils numériques.
Il est ainsi recommandé aux différentes commissions de porter un regard plus attentif sur les nouveaux manuels, dans la mesure où ils s’accommoderont aux nouvelles technologies de l‘information et de a communication (NTIC), aussi bien dans leur conception que dans leur contenu pour que l’élève d’aujourd’hui puisse avoir envie de les consulter aisément et à tout moment. Le manuel de l’élève est et restera certes un outil indispensable pour l’élève, mais il devra évoluer vers un objet plus réduit en volume, auquel s’agrègeront d’autres sources informatives, c’est-à-dire une base indispensable à la structuration des connaissances et des compétences, avec des compléments numériques. De même, il est souhaitable que ces commissions pensent à l’allègement des prochains manuels, de tous les niveaux de l‘enseignement secondaire pour éviter certaines déficiences dans les manuels actuels (trop de supports textuels, peu de supports visuels, encombrements, trop d’exercices parfois superflus…) De même, il faut prévoir la bonne qualité du papier et de la couverture pour inciter l’élève à y recourir avec plaisir.
Souhaitons la réussite à ces commissions qui viennent d’entamer leur travail sur le développement des programmes officiels et de manuels scolaires aux niveaux préparatoire et secondaire. Cependant, on aurait souhaité qu’une consultation nationale au niveau de tous les acteurs scolaires (professeurs, élèves, parents, inspecteurs, pédagogues…) ait précédé le travail de ces commissions pour donner des résultats plus probants, crédibles et efficaces. En effet, toute initiative visant la réforme du système éducatif doit prendre en compte les exigences, les contraintes et les attentes de tous les acteurs impliqués pour que les solutions choisies aient des chances d’être mises en œuvre dans des conditions satisfaisantes et que les changements s’opèrent au bénéfice de tous les élèves.
Hechmi KHALLADI