Dans un monde saturé d’histoires de violence, où les témoignages se déversent à travers les programmes de réalité télévisée, les statuts Facebook anonymes et les groupes en ligne, il est indéniable que le fléau de la violence envers les femmes persiste. Nombreux sont ceux d’entre nous qui, las de ces récits glaçants, ressentent le poids d’une réalité douloureuse et constatent que ce n’est pas un problème nouveau. Malgré les années qui ont passé, le bilan chiffré des cas enregistrés demeure alarmant, édifiant une sombre chronique que l’on ne saurait ignorer. Qu’elle soit verbale ou physique, la violence reste violence.
Les blessures infligées ne sont pas toujours de nature physique. Parfois, elles se nichent profondément dans l’âme, laissant des cicatrices morales qui ne s’effaceront jamais. Ces blessures, bien qu’invisibles, laissent une empreinte durable non seulement sur la psychologie des victimes, mais également dans les yeux des enfants. Imaginez ces jeunes esprits, témoins involontaires de scènes dignes de films d’action, où leurs propres mères sont agressées. Impuissants, ils assistent à ces tragédies récurrentes sans pouvoir intervenir.
Pourtant, dans cette toile complexe, des lueurs d’espoir émergent. Des initiatives naissent pour restreindre cette spirale destructrice, portées par la société civile tout autant que par les autorités. « Aman » est la plus récente.
Espace « Aman »
Le ministère de la Famille, de la femme, de l’enfance et des séniors a inauguré, le 7 août 2023, dans la capitale, l’espace « Aman » dédié à l’accueil, l’écoute et l’orientation des femmes victimes de violence. La ministre de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Séniors, Amel Belhaj Moussa, a déclaré lors de la cérémonie de lancement de cet espace, le premier du genre à l’échelle nationale, que ce centre vise principalement à recevoir les femmes victimes de violence, à les écouter et les orienter dans un espace garantissant la confidentialité et la protection de leur vie privée et de leurs données personnelles, ainsi que celles des enfants victimes de violence, selon l’agence TAP.
Elle a ajouté que cet espace offre plusieurs services tels que le soutien psychologique et l’orientation juridique en ce qui concerne l’aide judiciaire et le suivi des plaintes, en plus de l’autonomisation économique des femmes qui remplissent les critères du programme « Saima » pour l’autonomisation économique des femmes victimes de violence et de leurs enfants menacés.
Cet espace rassemble des ressources humaines spécialisées, notamment des psychologues, des travailleurs sociaux et des juristes ayant une expérience dans le domaine de la violence contre les femmes, et il est prévu de généraliser de tels espaces dans différentes régions du pays, selon la ministre.
L’espace « Aman » propose des services d’orientation vers les structures et les institutions compétentes, ainsi qu’un accompagnement pour les survivantes de la violence en les mettant en contact avec les institutions intervenantes dans le domaine et en assurant un suivi médical en fournissant des services médicaux d’urgence ou en les dirigeant vers un établissement de santé pour recevoir les premiers soins nécessaires.
La ministre de la Femme a souligné que cet espace fait partie des mécanismes que le ministère envisage de généraliser progressivement dans les autres régions, en particulier pour autonomiser économiquement et socialement les femmes victimes de violence en les aidant à développer et à renforcer leurs compétences et leur préparation à faire face aux charges économiques et sociales qui pèsent sur elles, et en les aidant à maintenir leurs liens familiaux et à faciliter leur intégration dans la société.
À cet égard, elle a rappelé l’engagement du ministère à généraliser les établissements d’hébergement pour les femmes victimes de violence dans toutes les régions du pays, en faisant évoluer le nombre de centres « Aman » d’un seul centre en 2021 à 11 centres actuellement, avec une capacité d’accueil d’environ 180 lits.
Entre loi culpabilisante et réalité choquante..
En conclusion, Amel Belhaj Moussa a considéré que la loi numéro 58 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes nécessite une application efficace de la part de toutes les parties prenantes, soulignant que cette loi est une force, car plus ses conditions d’application s’améliorent, plus les femmes victimes de violence en bénéficieront.
La loi 58 vise à mettre en place les mesures susceptibles d’éliminer toutes formes de violence à l’égard des femmes fondée sur la discrimination entre les sexes afin d’assurer l’égalité et le respect de la dignité humaine, et ce, en adoptant une approche globale basée sur la lutte contre les différentes formes de violence à l’égard des femmes, à travers la prévention, la poursuite et la répression des auteurs de ces violences, et la protection et la prise en charge des victimes.
Malgré une loi culpabilisante, la réalité diffère radicalement. En effet, Les femmes ont été victimes de 33,33% des incidents violents survenus en mai, alors qu’elles ont été responsables de 8,33% des cas enregistrés. Quant aux hommes, ils ont été victimes dans 50 % des cas de violence observés et ils sont responsables de 75 % des cas de violence enregistrés. Quant au reste des incidents de violence, il s’agissait d’une forme mixte, qu’il s’agisse des victimes de la violence ou des responsables de sa perpétration, selon un rapport du mois de mai publié par le FTDES.
Ghada DHAOUADI