Par Raouf KHALSI
Une grande poussée médiatique le week-end dernier, une réunion entre gouvernement et patrons des Organisations nationales et, depuis, peu de visibilité sur ce qu’on a baptisé « Pacte social ».
C’est certainement un coup de poker (ce fut notre manchette à la Une) à mettre à l’actif de Najla Bouden. Une dame qui aime travailler en silence, dont on s’était vite empressé d’affirmer un peu partout qu’elle « vivrait à l’ombre du président, mais qui sait aussi placer des coups stratégiques. Sans doute, l’UGTT n’a-t-elle pas donné de blanc-seing au gouvernement, puisqu’aussitôt, Sami Tahri déclarait que le mot d’ordre de grève générale dans le secteur public restait en vigueur. Moyen de pression, ni plus ni moins, parce que la centrale syndicale ne veut pas se déjuger aux yeux de ses bases, pas plus ne se désolidarise des revendications sociales. Et puis, il y a cette affaire de troisième mandat…
Pour autant, on ne sait toujours pas si les malentendus et toutes les frictions ayant marqué le « dialogue national » initié par Saied se sont pour autant dissipés. L’accalmie est là, cependant.
Parce que, sur l’autre versant, c’est à dire du côté de l’UTICA, les hommes d’affaires pressent sérieusement Majoul pour qu’il se fasse entendre sur l’épineux dossier de la fiscalité. Or, les nouveaux axes ont tout l’air de s’adoucir, parce que Najla Bouden est parfaitement consciente de la rétention du Capital depuis des années, tandis que le climat des affaires connaît une sérieuse contraction. Incertitudes politiques ? Il y a de cela, puisque les « « frères » continuent de renvoyer l’image un destin apocalyptique du pays à, l’étranger. Les lobbys s’affairent en effet.
Maintenant que le référendum est validé et que la constitution est désormais irréversible, il serait bon que les « sages » (à l’intérieur comme à l’étranger) saisissent l’acuité de la situation socio-économique de la Tunisie et la conjoncture asphyxiante qu’elle traverse.
Pourrions-nous faire l’économie du discours politique tout fait de dogmes, de clichés, sinon de mirages ?
Le pacte social se veut apolitique. Soit. Encore faut-il que ses connotations soient réellement sociales. Le triumvirat Bouden-Tabboubi-Majoul représente une bonne avancée. Et, même, aux yeux du FMI. Mais il manque encore quelque chose…
Au fait, pourquoi la réunion entre gouvernement et organisations nationales, pour entamer les négociations sur le fond, a-t-elle été reportée ?