Par Raouf KHALSI
Un adage juridique dit que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Cette formule signifie que si une personne subit un dommage qui est la conséquence d’une action illicite ou illégale, elle n’est pas censée demander justice. La dissidence au sein de l’UGTT, avec la montée en puissance des contestations, accule le bureau de la centrale syndicale au pied du mur, précisément à cause de ce mandat supplémentaire qui fait entorse aux statuts de base. Tabboubi et consorts n’ont pas réussi à calmer les esprits en rapport à cette monumentale pomme de discorde et cela fait que le Conseil national s’est tenu avec des esprits surchauffés et qu’il n’a abouti à rien de concret, si ce n’est un désaccord infranchissable sur la tenue du prochain congrès.
Depuis le coup de force du troisième mandat et malgré un jugement qui l’a légitimé (ou légalisé), la centrale syndicale est entrée de plain-pied dans une zone de hautes turbulences, perdant de sa superbe mordante des temps du prix Nobel et annonçant lézardes et fissures dans le sol de ses vieilles certitudes.
Elle n’a plus la force de frappe, ou du moins, la capacité d’interposition reconquise avec la révolution, après les années d’alignement au pouvoir des temps de Ben Ali.
Vaguement grommelant et ne retrouvant pas ses marques vis-à-vis du pouvoir actuel, voilà que nous redécouvrons une centrale syndicale n’ayant plus que des slogans à « entonner » et confondue dans des brumes annonciatrices d’une époque révolue.
Ainsi , la première force syndicale en est-elle réduite à un rôle de comparse, si ce n’est de spectateur dépité face aux mouvances que vit le pays . Elle est, surtout, indécise quant à un rôle politique qui était le sien avant le tournant salvateur du 25 Juillet, multipliant dans l’indifférence générale les coups d’épée dans l’eau et ne trouvant guère le filon pour se réinventer comme organisation et partenaire social du pouvoir.
Peut-on dire que c’est le pouvoir qui l’a marginalisée ? Elle qui a accueilli positivement le tournant du 25Juillet ? Toute la question est là.
Le bureau dirigeant est-il délégitimé ? En réalité, c’est de l’intérieur et au niveau des bases que se meuvent les remises en question. Tabboubi et acolytes pourront-ils espérer se refaire une virginité d’ici le prochain congrès ?
Difficile de se prononcer tant la centrale de Hached est remise en question à propos, précisément, de cet article 20 jugé comme véritable hold-up autorisant toutes les dérives, une certaine forme de « népotisme » aussi, comme l’ont qualifiée les opposants au sein d’une centrale qui s’est condamnée à être un tigre en papier.