Par Raouf KHALSI
Remaniement ministériel, puis large mouvement dans le corps des gouverneurs : le temps s’égrène et la reconstruction des rouages de l’Etat se fait à une vitesse fulgurante. Il s’en trouvera toujours des observateurs frappés de myopie et des esprits chagrins pour crier à la supercherie. Pour eux, indécrottables opposants au processus du 25 juillet, il y a encore anguille sous roche, affirmant que cette accélération est induite par les motivations électoralistes dans la perspective de la présidentielle du 6 Octobre.
Bien entendu, ces présomptions charrient beaucoup de subjectivité. Que choisir d’ailleurs entre ceux qui pensent mal, mais juste et ceux qui pensent juste, mais mal.
Dans les deux cas, on s’emmêle les pinceaux.Pour autant, lorsque l’équipe gouvernementale était réduite jusqu’à l’os, on affirmait aisément que l’Etat était déstructuré et que la gouvernance en pâtissait. Maintenant que l’équipe est au complet après le récent remaniement, on s’est mis à spéculer sur les profils des ministres, mais on ne s’est pas ravisé de considérer ce remaniement comme un gage de stabilité gouvernementale et que cette équipe est partie pour durer. Puis, il y eu le vaste mouvement dans le corps des gouverneurs.
Et hop ! les négativistes y ont vu encore des relents électoralistes, alors qu’il s’agit là d’un cas d’école : il s’agit d’une véritable opération de décentralisation, de nomination de gouverneurs enfants de l’administration et qui ne se proclament pas du processus juillettiste.
En un mot : des gouverneurs apolitiques tout comme l’équipe gouvernementale est composée de technocrates. Toute la nuance est dans les profils des uns et des autres et toute la différence est là.
Dans les faits, il s’agit de parachèvement de la reconstruction de l’Etat à l’ombre d’un régime présidentiel éclairé. Le vaste mouvement dans le corps des gouverneurs, lui, il s’inscrit dans l’intégration régionale, avec pour corollaire la diffusion de la culture de la démocratie par la base, loin de la démocratie faussement représentative de la fameuse décennie et qui était aux couleurs nahdhaouies et des comparses à la faveur du jeu pervers des partis dont on entend plus parler aujourd’hui.
Durant cette décennie-là, on nous a bercés de concepts démocratiques dans une partie d’échecs néanmoins biseautée et où les pions étaient actionnés par des mains invisibles.
On nous disait à peu près ceci : « vous avez le droit de revendiquer la démocratie que vous souhaitez pourvu que ce soit celle que vous inoculons ». Et c’est ainsi que s’est mue la connexion gaucho-intégriste (et on parle de démocratie) et c’est encore ainsi que les forces centristes et progressistes ont été renvoyées à leurs chères études.
Ayant déchanté, mais encore en proie à un déterminisme étouffant, ces artisans de la « démocratie gouvernée » de la tristement fameuse décennie ne tarissent pas de pamphlets à l’endroit de la démocratie par la base conçue par Kaïs Saïed.
Mais, au fait : pourquoi ne pas fouiller dans les gradations de la démocratie dans l’ancienne cité grecque et dans Carthage aussi ?