Par Raouf KHALSI
On ne le répètera jamais assez : les jeunes ne sont pas le problème, ils représentent la solution. Ce dont ils ont besoin, c’est du réconfort, loin de toute diabolisation et, aussi, d’un minimum de reconnaissance pour les sacrifices consentis et qu’ils consentent encore.
Trop facile de dire : « les jeunes, c’est l’avenir », cet avenir justement dont ils ont été éjectés au lendemain d’une révolution (2011) qu’ils ont pourtant insufflée de leur volonté de croire en un idéal, de débarrasser le pays du fatalisme. Parce que ces jeunes ont réussi la dialectique de la « défatalisation » de l’Histoire. C’est au mois de décembre 2010 qu’ils se sont soulevés pour la dignité, pour l’emploi, pour la reconnaissance de leur statut, le tout induit par des magmas existentiels…D’où vient alors qu’ils se soient retrouvés exclus des dividendes de la révolution et cyniquement accablés de ses partes…
C’est que, subrepticement, les poisons de l’outrance se sont insinués dans la ferveur de cette œuvre colossale que fut la révolution.
On les a vus, patriarches, groupements d’intérêts occultes, rapaces politiques et tribuns récupérateurs spolier les jeunes de leur œuvre.
On les a fait basculer dans le désespoir, si ce n’est dans l’embrigadement au nom d’un Djihad décapant, corrosif, moyennent de savants lavages de cerveaux. On a vu les congélateurs idéologiques du mouvement islamiste cibler ces jeunes et, même, les enfants pour les besoins d’un ordre nouveau sous-tendant une idéologie obscurantiste.
Pour autant, les jeunes qui ne se sont pas laissé embrigader se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, cependant que, durant une décennie réellement noire, l’Etat devenait clientéliste, perdant ses repères sociétaux et engoncé dans des luttes intestines au nom d’une démocratie fantasmée.
Pourtant, on a continué à gargariser les jeunes d’évanescentes recettes du « bonheur », de clichés conventionnels et à connotations rituelles.
Désenchantés, désespérés, ne croyant plus en rien, par milliers, des jeunes s’aventuraient au péril de leur vie dans les traversées de la Méditerranée vers le mirage de Lampedusa.
Comment faire donc ? Quel nouveau discours adresser aux jeunes pour qu’ils reprennent à croire en cet avenir qui s’est dérobé à eux ?
Aujourd’hui, les réquisits de l’Etat social sont bien palpables. Le tout est de redonner espoir à ces jeunes quant à un avenir tout à écrire, ou alors tout à réécrire.